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Ce que le jour doit à la nuit : A lire !

Par Davidme

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Bonjour chers lecteurs,

Un post pour te parler d’un livre. “Ce que le jour doit à la nuit” de Yasmina Khadra editions Julliard. Je l’ai refermé hier soir et des larmes coulaient sur mes joues. S’il n’y a qu’un livre à lire dans cette rentrée littéraire c’est celui-ci. Plutôt que les périgrinations sexuelles d’Angot ou de Millet qui n’ont aucun talent, achetez “Ce que le jour doit à la nuit”. Yasmina Khadra m’avait un peu déçu avec son précédent livre, les “sirènes de Bagdad”, mais là je dois dire qu’il réussi un véritable tour de force avec ce roman qui nous plonge dans l’Algérie entre 19 36 et 1962 dans cette histoire complexe entre les colons, les arabes, les juifs et les autres. Toutes ces âmes soeurs qui se sont déchirées.

Et Khadra n’omet rien. Il nous parle des errements de la puissance coloniale française, il nous raconte la tragédie d’une Algérie post-coloniale livrée à elle-même et aujourd’hui hantée par des démons islamistes en germe dans cette bataille légitime de la décolonisation.

Younes est le fils d’un paysan oranais dépossédé de ses terres. Pour se “reconstruire”, le père s’installe avec sa famille dans un quartier des bas-fonds oranais. Younes est récupéré par son oncle, Mahi, un pharmacien marié à Germaine avec qui il vit dans le luxe. La vie de Younes change radicalement et altère son identité. Germaine l’appelle Jonas. La référence biblique est évidente. Jonas (Younes), de l’hébreu Yônah qui signifie la “colombe”, est le représentant d’une paix fragile, illusoire et finalement tourmentée.

Ses interrogations sur son identité s’arrêtent dans le flou, seul lieu où il peut exercer sa volonté. Jonas intègre l’autre société algérienne, celle des “français”. Il réussit ses études et ses soucis sont banals : des amitiés qui se font et défont ou des amours déçues. Par moments l’Histoire entre par effraction dans sa vie à travers l’oncle, qui suggère des écrits politiques comme “La Peste” de Camus…

Camus justement. En lisant Khadra raconter l’Algérie on ne peut s’empêcher de penser à Camus. L’un et l’autre comprennent la complexité et la tragédie de ce pays. Le bouquin de Khadra est peut-être le livre que Camus aurait pu écrirer s’il avait vécu plus longtemps et qu’il avait pu voir la fin de ce déchirement entre la France et l’Algérie, entre les juifs et les arabes.

Le dernier chapitre se passe à Aix en Provence en 2008 alors que l’amour impossible de Younes, Emilie, vient de décéder. Le livre prend alors une dimension universelle. Younes retrouve ses amis et ses ennemis. Et Khadra  le plonge alors dans l’actualité toujours chaude autour de l’Algérie.

Il met de l’un des personnages, le discours des auteurs de la loi portant sur “le rôle positif du colonialisme”. Jonas lui répond :  “… bien avant vous et votre arrière-arrière-grand-père, un homme se tenait à l’endroit où vous êtes. (…). Cet homme était confiant. Parce qu’il était libre. [Cette terre] est le bien de ce berger. (…) Puisque vous ne savez pas partager, prenez vos vergers et vos ponts, vos asphaltes et vos rails, vos villes et vos jardins, et restituez le reste à qui de droit.” Plus loin, un autre ne comprend pas son expulsion de son pays natal : “Tout le monde n’était pas colon, tout le monde n’avait pas une cravache contre ses bottes de seigneur ; on n’avait même pas de bottes tout court, par endroits.”

On lit rarement des choses aussi justes, émouvantes et sans parti pris. Khadra raconte, détaille et parle d’une histoire qui est un bout de chacun d’entre nous, Français, et qui est pour moi comme pour d’autres, une part d’histoire familliale.

Lisez ce livre !


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