Le roman dans les ronces ou la légende de Charles VI, roi fou, et de sa servante, de Sandrine Willems, Les Impressions Nouvelles
Sandrine Willems signe là un beau roman, cruel, émouvant, poétique, nostalgique, tour à tour lyrique et lucide… les adjectifs manquent pour donner une idée de la profondeur des pensées qui habitent chaque ligne de ce journal atypique : celui d’une vieille religieuse qui se remémore sa sœur, cette sœur bergère qui l’abandonna pour devenir la maîtresse d’un roi que l’on surnommait le fol ou le bien-aimé, Charles VI l’illuminé…
On pourrait croire à un conte de fées ou à un récit d’amour courtois, il n’en est rien : cette rêverie historique débute sur un déni : « Tu es morte. Il n’y a plus rien à dire. », et l’on se dit que tout pourrait s’arrêter là, sur cette affirmation suspendue qui se suffit à elle-même. Elle a cependant tant à raconter, la petite bergère devenue religieuse, une religieuse secrètement hérétique qui avoue ne plus croire en rien « si ce n’est en ta chair pourrie », celle qui autrefois eut une sœur et qui s’étonne de cette ironie du sort : « Dire qu’on ne m’appelle jamais plus que Ma Sœur. Comme si, ne pouvant être la tienne, j’avais voulu devenir la sœur universelle. »
Livre aux multiples facettes, entrelacs rugueux de réflexions mystiques et historiques, de réminiscences et d’amers regrets, de reproches et de rêveries, Le Roman dans les ronces (dont le titre même laisse entrevoir…