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Nick McDonell, jeune prodige américain

Par Albrizzi
Encouragé par Joann Didion et Jamaica Kincaid, Nick McDonell a publié son premier roman, "Douze", à 17 ans, essai confirmé par "Le Troisième frère" et des articles au Harper’s magazine. Il revient avec un récit caustique et clinique sur ses années à Harvard.
Pourquoi écrire sur Harvard ?
C'est un symbole et un microcosme. Elle n’est pas la meilleure université, mais la plus prestigieuse. Parce que ils ont des professeurs excellents, les élèves croient qu’ils sont les plus intelligents. Ils se prennent très au sérieux. Pour le meilleur ou pour le pire, ils font partie de l’Histoire du pays car beaucoup d’entre eux sont amenés à le diriger, dont peut-être Barack Obama.
La guerre en Irak plane au-dessus de votre récit.
Elle est omniprésente à travers CNN et Fox News, tout le monde en parle sans cesse. J’ai essayé de savoir si des étudiants du campus étaient morts là-bas, apparemment il n’y en a eu aucun. Ce conflit fait écho à une guerre larvée, à l’intérieur de chacun de nous. Nous avons une responsabilité : opter pour l’indifférence ou changer le cours de l’Histoire par des actions citoyennes.
Y a-t-il aussi une guerre des classes ? L’argent est-il l’unique critère de sélection ?
Aux Etats-Unis, si vous très riche, vous pouvez aller n’importe où, si vous êtres très pauvres également, car il existe un système de bourse qui prend tout en charge ; mais si vous faites partie de la classe moyenne, alors on ne vous aide pas, et les frais de scolarité sont exorbitants. C’est un système étrange !
Vous comparez Harvard à la Rome antique. N’est-ce pas présomptueux ?
Les mêmes vanités s’y retrouvent, mais César fut poignardé par l’un des siens, son fils adoptif, Brutus. Attention à la décadence.
De quand date votre première prise de conscience citoyenne ?
En 2006, lors d’un meeting que je couvrais pour un journal. Rudolph Giuliani le maire de New York justifiait de façon éhontée et démagogique l’intervention américaine, des femmes à côté de moi étaient en transe. J’étais effrayé de voir à quel point un discours peut transformer les gens. Je voudrais me défier de cela.
Comment qualifiez-vous votre texte : roman ou reportage ?
Ni l'un ni l'autre. La longueur de ce texte, publié pour l'instant uniquement en France, est atypique. C'est un récit au sens français du terme. Au départ, c’était une dissertation pour un cours de creative writing. Mon professeur, l’écrivaine Jamaica Kincaid, m’a encouragé à aller plus loin en développant les cinq années d’études à Harvard.
Vous avez commencé à écrire très jeune, à 17 ans, Que voulez-vous faire dans la vie ?
J’ai écrit des nouvelles pour Harper’s magazine, puis je suis parti faire quelques reportages en Afrique ces deux dernières années, au Darfour, au Congo, et cet été en Mongolie. Je considère qu’écrire est un métier et non un hobby, cependant j’aimerais travailler dans les relations internationales, devenir diplomate.
Interview publiée dans le magazine Femmes (octobre 2008).
"Guerre à Harvard", Flammarion, traduit par Samuel Sfez, 96 p., 12 euros.

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