Je me retrouve un peu aujourd’hui comme si j’étais de nouveau devant le même mur qui m’avait empêché de me rendre en Espagne au mois de décembre, l’an passé. Il faut rendre des dossiers, des rapports, des textes divers et les rendre pour une date précise puisque les administrations font en sorte de figer les programmes selon des rendez-vous périodiques. Sortes de coupes stratigraphiques qui ne rendent compte que des données statiques, mais rarement de la vie qu’elles recouvrent.
Jusque la moitié du mois d’août, comme c’était le cas en décembre, pendant un mois donc, et ensuite, après un intervalle d’une quinzaine de jours de repos, des obligations variées me laisseront dans le regret de ne pas prendre un long chemin avec mes amis de la Route de l’Olivier vers la Chine et la Russie.
Les acteurs se rassemblent depuis quelques jours à Pylos. Puis une cinquantaine de motos et l’équipe d’accompagnement vont partir sur les traces des Routes de la Soie.
C’était un rêve que j’ai caressé…mais il est vrai que la caresse était bien légère : celui de partir six semaines dans une aventure qui n’était pas dangereuse, mais fatigante, en tentant de prendre en compte l’écriture quotidienne des rencontres, sur ce blog, puis, si cela était possible, d’en faire ensuite un livre.Bien entendu, je me suis vite raisonné : je serai au départ et j’irai jusqu’à l’extrême limite de la frontière turque, puis je ferai peut-être un saut vers Tbilissi ou Bakou, puis j’irai à Moscou à l’attente de leur arrivée par le Transsibérien.
Et puis aujourd’hui, plus rien. Je ne suis pas libre de me déplacer avant que la caravane de l’Olivier n’ait déjà atteint la Russie. La Géorgie entre dans un processus destructeur et je ne me vois sincèrement pas aller à Moscou quand tout y dénonce une volonté de recréer une ligne de défense, un glacis périphérique vers le Nord et vers l’Ouest, dans le maniement de la menace des pouvoirs de l’énergie et de la déstabilisation des régimes les plus faibles. Je regarde deux pays membres du Conseil de l’Europe entrer en guerre. Je me suis exprimé à ce sujet. Je le ferai encore.
Mais ce qui est requis aujourd’hui est au-delà du symbolique.Mes amis, même munis de branches d’Olivier, pourront-ils vraiment exprimer leur message ?
Alors que j’écris de manière rétrospective, en essayant de gagnerdu temps pour me recaler sur l’actualité, je peux recommander la lecture d’un court article de bilan que nous avons publié sur le site de l’Institut Européen des Itinéraires culturels à l’issue de ce voyage.L’entrée en Iran n’a pu se faire. Ils ont donc traversé la Mer Caspienne. La Chine a également refusé l’entrée de la caravane. Mais un grand nombre de mémorandums de coopération ont été signés entre l’Union centrale des Chambres de Commerce Helléniques et des partenaires azerbaidjanais, russes, roumains…Deux anciennes stagiaires, l’une devenue membre de l’équipe des Routes de l’Olivier depuis trois ans et l’autre, étudiante en italien et en chinois, qui se spécialise en tourisme, ont participé avec un grand émerveillement aux longs parcours sur la Route de la Soie.
Au fond, il me restera la possibilité de les interroger et de songer que j’ai travaillé une dizaine d’années sur les Routes de la Soie en visitant trop rapidement New Dehli et le Taj Mahal et l’Ouzbekistan. Mais il est vrai que mon sujet était d’abord les Routes de la Soie en Europe !
Un goût de quelque chose, mais sans ce qui fait la saveur de ce quelque chose.
La photographie de la Route de la Soie est extraite du site du photographe Louis Marie Blanchard qui l’avait mise à disposition des Routes de l’Olivier et la photographie des motocyclistes de Andrea Bonetti .