Le tracé de South Stream n'est pas rentable au travers de la Croatie
Probablement South Stream passera-t-il depuis la Russie jusque la Bulgarie, puis par la Roumanie, la Hongrie et la Slovénie jusque l'Italie.
L'accord concret n'a pas été atteint et Gazprom sonde encore le souhait qu'aurait la Croatie de participer dans South Stream, afin de pouvoir prendre la meilleure décision sur le tracé du gazoduc.
Le gazoduc South Stream ne passera pas par la Croatie pour des raisons économiques, estiment pour le site Poslovni dnevnik des interlocteurs bien informés appartenant aux milieux gaziers croates. La capacité de South Stream devrait s'élever à environ 30 milliards de mètres cubes de gaz annuellement. Il est plus logique de construire un gazoduc de cette capacité sur un axe qui passerait à côté des gros consommateurs de gaz, comme le sont par exemple la Hongrie et l'Autriche, en direction de l'Italie, un autre gros consommateur. D'après les informations de l'italien ENI, co-investisseur de South Stream, la Hongrie importe environ 11 milliards de mètres cubes de gaz annuellement, l'Autriche neuf, la Roumanie cinq, l'Italie environ 70, tandis que la Croatie n'en importe "que" 1,2 milliards. Tout sera plus clair lorsque Gazprom aura parachevé l'analyse technico-économique du projet qui, partant de dix milliards de dollars initialement, se chiffre déjà à une estimation de 20 milliards de dollars.
Les offres faites à la Croatie
Les analystes croates en ont déduit que South Stream passerait vraisemblablement par le premier tracé annoncé - depuis la Russie en dessous de la mer Noire jusque la Bulgarie, puis par la Roumanie, la Hongrie et la Slovénie jusque l'Italie - après que Gazprom eut réservé pour la Serbie, dans l'accord énergitique russo-serbe, une conduite de dix milliards de mètres cubes. Ceux qui en Serbie critiquent l'accord demandent qu'il soit exigé de la Russie une plus grande capacité afin que le gazoduc ait un caractère majeur et non pas, pourrait-on dire, local. La capacité annoncée n'en reste pas moins quatre fois supérieure aux besoins de la Serbie et l'on raconte non officiellement que le gaz serait vendu en Bosnie-Herzégovine, au Monténégro et peut-être en Croatie. Sergej Sojgu, le ministre russe pour les situations extraordinaires et coprésident de la Commission intergouvernementale russo-croate, a discuté lundi avec le vice-Premier ministre du Gouvernement Damir Polancec. A l'issue de la réunion, il a déclaré qu'il "n'existe pas d'obstacle à ce que South Stream, après que la Bulgarie et la Serbie l'eurent accepté, ne passe également par la Croatie". L'offre qu'a faite la Russie pour que le tracé du gazoduc South Stream bifurque par la Croatie a été confirmée par Kresimir Cerovac, le responsable pour les affaires énergétiques au ministère de l'Economie. D'après son exposé à la conférence énergétique à Dubrovnik mercredi, la Croatie devrait de toutes façons s'assurer de nouvelles quantités de gaz dès l'année 2011, afin qu'elles servent sur le site du nouveau bloc de TE Sisak. [1]
La réponse à l'accord en novembre
D'après les sources du Poslovni dnevnik, plusieurs variantes ont été offertes à la Croatie. Le tronçon partant de la Serbie le long de l'oléoduc Janaf [2] continuant vers l'Occident serait la voie la plus courte jusque l'Italie, mais il reste le problème de l'éloignement par rapport aux gros consommateurs en Hongrie et en Autriche, qui ont déjà conclu des accords préliminaires pour être raccordés à South Stream. Gazprom avait déjà proposé auparavant aux négociateurs croates que South Stream bifurque depuis la Hongrie vers la Croatie tout près de Cakovec pour continuer par-delà la Slovénie jusque l'Italie. Une source anonyme de Gazprom a déclaré au journal russe RBK daily que Gazprom sonde la volonté qu'aurait la Croatie de participer dans Southstream afin que la meilleure décision puisse être prise sur le tracé, mais qu'un accord concret n'a toujours pas été atteint. La partie croate doit apporter sa réponse d'ici la séance de la Commission intergouvernementale en novembre.
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[1] TE Sisak : Termoelektrana Sisak : l'Antenne de production d'énergie thermique de Sisak.
[2] JANAF : Jadranski naftovod : l'Olédocuc de l'Adriatique
Source : Poslovni dnevnik, le 29 septembre 2008.