Il n'y a plus de saisons
Il
n'y a plus de saisons. En plus le tram est en retard. Bloqué
dans un carrefour où un accrochage entre deux voitures a eu
lieu. De la tôle froissée et quelques gesticulations
calmes autour du constat.
Sur le trottoir, un orgue de barbarie
coloré, joyeux et grinçant. Le monsieur a un grand
chapeau de berger. Un chat dort sur l'appareil, très sage,
et les gens disent pauvre bête, dehors par ce temps.
Une autre musicienne plus loin. Une
fille sous le porche d'un magasin, avec en bandoulière un
appareil qui diffuse des orchestrations de karaoké, sur
lesquelles elle chante. Mais elle ne fait pas la quête. Elle a
des lunettes rondes, un capuchon et une petite bouche.
Après l'armée du Salut,
il y a un café qui s'appelle « La belle vie ».
Et déjà les immeubles neufs.Celui, tout en verre noir, de la
Société privée de gérance. Celui qui
traite les dossiers des vieux qui n'arrivent pas à joindre
les deux bouts.Devant la porte, un monsieur que je
connais. Un pucier de Plainpalais qui vend depuis toujours des
livres, de la vaisselle et quelques meubles usés sur son
stand, les mercredis et les samedis. Il est avec sa femme, concentré.
Elle lui parle, véhémente. Il écoute ce qu'il
devra répondre aux fonctionnaires qui l'interrogeront.