Si l'amour rend aveugle, la maternité rend complètement stupide. C'est en somme le message de Vinyan, deuxième film de Fabrice du Welz après le remarquable Calvaire. Il y avait quelque chose de salement intrigant dans la détresse de ce jeune couple persuadé qu'il peut retrouver son fils disparu alors que celui-ci a vraisemblablement péri noyé suite au célèbre tsunami de Phuket. Au début, le cinéaste belge décrit les illusions artificielles de ces deux êtres paumés, qui se racrochent à d'infimes espoirs alors qu'ils feraient mieux de faire leur deuil. La suite aurait pu être un long voyage initiatique vers un nouveau départ, une plongée dans la folie pure, ou pourquoi pas un film angoissant, sorte de Révoltés de l'an 2000 version birmane.
Il n'en est rien : du Welz propose un film contemplatif sur l'attente, admirable de façon ponctuelle tant il refuse tout efet de style ou stylisation dépourvue de sens, mais qui révèle bien vite sa vacuité totale. Pour Vinyan, tout se joue dans la dernière demi-heure : une conclusion brillante aurait pu permettre de revoir le film d'un tout autre oeil. Mais après une heure passée à patienter et à regarder sans émotion le couple se déliter et s'enfoncer dans le malheur, c'est malheureusement le manque total d'inspiration de l'auteur qui vient nous prendre à la gorge. Vinyan se termine un peu n'importe comment, laissant le spectateur à l'extérieur de l'histoire. Cette conclusion, pas vraiment risible mais franchement inintéressante, vient sceller le ratage d'un cinéaste ambitieux mais ici dépourvu de matière et d'esprit. La thèse de Du Welz, consistant à dire que l'instinct maternel est plus fort que tout, est illustrée de façon si schématique que l'on ne peut décidément pas y adhérer. Reste la belle prestation du duo Béart-Sewell, dont les regards bleutés et perdus dans le(s) vague(s) sont les plus belles attractions d'un film fichtrement décevant.
4/10