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Pink's not dead !

Par Lebibliomane

"Le carrousel de l'amour" Barbara Cartland. Editions J'ai lu, 1991.
Traduit de l'anglais par Jacqueline Susini.
À vous qui allez lire ces lignes, si vous en avez le courage, je tiens tout d'abord à vous rassurer. Non, je ne suis pas devenu fou, ni atteint de sénilité (enfin, je crois...). La vérité, il faut que je l'avoue, c'est que j'ai été victime d'un odieux complot.
En effet, en avril dernier, les membres du forum « Parfum de livres... parfum d'ailleurs » se sont réunis pour quelques jours à Moulins (préfecture de l'Allier). Au cours d'un repas (délicieux et bien arrosé) servi au Grand Café, la gent féminine a posé comme défi aux membres masculins de cette livresque confrérie d'accomplir un acte des plus redoutables qui soient : lire un ouvrage de Barbara Cartland !
Je ne vous cache pas que face à cette menace, nous, les hommes, avons tous blêmi, nous regardant les uns les autres en nous demandant ce que nous étions venus faire dans cette galère et qui, d'entre nous, serait la première victime ?
Heureusement, je ne fus pas désigné ce soir là et je me fis très discret sur ce sujet dans les mois qui suivirent afin de ne pas attirer l'attention sur moi.
Peine perdue ! Un matin du mois d'août, le facteur déposa dans ma boîte aux lettres une petite enveloppe soigneusement cachetée. Je l'ouvris et, Ô rage, Ô désespoir! me trouvais en possession de l'un des 723 romans de la dame en rose, roman dont le titre : « Le carrousel de l'amour » me donna des sueurs froides. Quant à la couverture dudit roman... je vous laisse juges.
J'eus beau tenter de retarder l'échéance, il fallut bien me résoudre à mon triste sort et c'est par un après-midi (pluvieux) de ce même mois d'août que, prenant mon courage à deux mains, j'ouvris cet effrayant objet de 157 pages. Volets et portes closes, à l'abri des regards moqueurs, honteux comme un adolescent feuilletant son premier Penthouse, je fis face à mon effroyable destin...
Je me retrouvai dans l'Angleterre du XIXème siècle, plus exactement dans la bibliothèque de Stephen Levington, marquis de Troon. Celui-ci s'entretient avec son ami, le capitaine Weyborne et lui annonce qu'il a « pris une décision d'une considérable importance » : il a décidé de se marier, mettant fin à la sulfureuse réputation qui l'entoure :
« C'était l'homme le plus séduisant de Londres depuis le départ de Lord Byron. Cependant, son expression empreinte de dureté et d'un certain cynisme l'empêchait d'apparaître comme l'égal d'un dieu grec, malgré les affirmations de certains. D'autres ne voyaient en lui qu'un débauché. Et il était vrai qu'il avait pour les femmes un regard sombre d'aventurier. »
Pourquoi cette subite décision ? Afin de contrer les sombres desseins de son jeune frère Lionel, acquis au parti radical et qui, (l'odieux personnage) envisage s'il hérite de la fortune de son aîné de donner les terres à de pauvres paysans (quelle honte!)
Le marquis de Troon souhaite donc, après avoir mené une vie de bâton de chaise, se marier et enfanter un héritier qui protègera les biens familiaux. Mais qui sera donc l'heureuse élue ? Son coeur penche pour Lady Dilys, mais son ami Weyborne l'en dissuade très vite : Dilys est une intrigante, et pour parler crûment, il n'y a que le train qui ne lui est pas passé dessus. D'ailleurs Weyborne l'avoue à son ami, lui aussi a profité des faveurs de Lady Dilys. Il va falloir trouver quelqu'un d'autre afin de supplanter cette Carla Bruni de l'époque victorienne.

Mais qu' importe! Le marquis de Troon a décidé d'enterrer sa vie de garçon et pour fêter cela, il décide d'organiser avec ses amis un steeple-chase nocturne où les cavaliers auront un bras attaché et un oeil bandé. Weyborne joue cettefois-ci encore le trouble-fête : l'épreuve est dangereuse pour les hommes et les chevaux. De plus, la décision d'inviter Sir Charles Lingfield à participer à cette épreuve semble déraisonnable. Le pauvre Sir Lingfield est quasiment un vieillard et ne résisterait pas à l'épreuve : il faut dire qu'il a atteint l'âge vénérable de ... quarante ans! Mais qu'à cela ne tienne ! Le marquis de Troon (quel boute-en-train!)proposera aux participants de rédiger leur testament avant de s'engager dans l'épreuve.
Et ce qui devait arriver arriva. Sir Charles Lingfield décède peu après le steeple-chase, victime d'une crise cardiaque. L'homme avait cependant rédigé son testament, conformément à la plaisanterie du marquis, et a fait de celui-ci le tuteur de sa fille : Valeta ( mais où BC allait-t-elle chercher des noms pareils ? ).
Evidemment, elle est belle (et blonde, de surcroît!):
« Dans son visage en forme de coeur, ses grands yeux gris étaient ourlés de longs cils noirs. Sa peau translucide évoquait une délicate porcelaine. Et ses cheveux d'un blond très clair captaient les reflets du soleil qui brillait sur les fleurs du jardin. »
Voilà un morceau de choix pour le marquis de Troon! Mais malheureusement pour lui, Valeta n'éprouve que de la haine pour ce débauché qui a été la cause de la mort de son père et qui de plus est devenu son tuteur.
Mais la haine laissera-t-elle place à l'amour ? Et Stephen Levington réussira-t-il à sauver Valeta, « exposée à un sort plus terrible que la mort »?

Si vous voulez en savoir plus, libre à vous de vous lancer dans la lecture du « Carrousel de l'amour ». Mais ne comptez pas sur moi pour vous raconter la suite. L'épreuve a été suffisamment pénible et il m'a fallu deux mois pour me remettre de cette lecture et en rédiger le commentaire. Car une fois le livre refermé je suis tombé dans un coma profond et j'ai frisé de peu la mort cérébrale. Réanimé de justesse, je garde encore de profondes séquelles et mes nuits sont peuplées de cauchemars dans lesquels une vieille dame vêtue de rose me poursuit dans les corridors d'un manoir anglais.
J'envisage actuellement de suivre une thérapie.
Mais je tiens quand même à vous rassurer, dans le cas où il vous viendrait l'idée saugrenue de tenter pareil défi : les romans de Barbara Cartland ne sont finalement pas plus dangereux (ni plus nuls, d'ailleurs) que ceux d'Alexandre Jardin, de Marc Lévy ou de Guillaume Musso. Ils ont au moins le mérite de ne pas prétendre être de la littérature, ce qui n'est pas le cas de certains de nos auteurs contemporains.
Mais je m'égare, le temps presse, et je dois vous quitter : je ne voudrais pas manquer « Les feux de l'amour » sur TF1.

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