La Bêtise : "formidable et universelle" !

"Nous ne souffrons que d'une chose : la Bêtise. Mais elle est formidable et universelle."
Flaubert, dans une lettre adressée à Georges Sand, 1871.

Le Magazine littéraire consacre son dossier du numéro de juillet-août à la bêtise, une invention moderne. Moderne car la bêtise - dans sa condamnation comme dans son étude clinique - est un mal diagnostiqué par les Lumières et qui ne cesse dès lors d'avoir ses contempteurs.
Un mal dont on ne sait trop s'il faut en rire ou en pleurer, deux attitudes que la littérature a illustrées, que cela soit par les contes voltairiens ou les tragédies russes. Oui, la bêtise est une tragédie, une fatalité consubstantielle à la raison humaine, puisqu'elle se nourrit de l'intelligence humaine pour proliférer dans nos consciences. Et le plus terrible des paradoxes est que ceux qui la dénoncent chez les autres risquent fort d'y succomber à leur tour.
Une seule arme possible pour la désamorcer : l'ironie, salvatrice contre les formes figées de la pensée débilitante. Ou alors peut-être le silence de l'idiot, dont l'inintelligence est préférable au vain bavardage d'une intelligence mal employée.