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Frustration hertzienne

Par Thibault Malfoy
La littĂŠrature et le rĂŠel, c'ĂŠtait le titre de la dernière émission de Répliques, animée sur France Culture tous les samedis à 9h00 par Alain Finkielkraut. Cette fois-ci, ses invités étaient Emmanuel Carrère et Philippe Forest, deux écrivains pratiquant l'écriture autobiographique et donc les plus à même d'interroger le rapport, ou plutôt la frontière - parfois ténue - qui existe entre la littérature et le réel.
On connaît Emmanuel Carrère pour son dernier livre autobiographique, Un roman russe, qu'il écrivit comme la tentative d'une catharsis, d'une délivrance du mal-être qui préside à son existence.
Il en va visiblement de même pour Philippe Forest, auteur que je ne connaissais pas jusqu'à présent, et dont le premier livre, L'enfant éternel, témoigne de la perte de sa toute jeune fille. Livre autobiographique donc, même si son auteur l'appelle roman. Philippe Forest parle fort bien du travail de soi sur soi à l'origine de toute autobiographie, mais insiste également sur la notion de témoignage, au sens que prend ce mot sous la plume de Primo Levi, un sens éthique de fidélité à la mémoire des êtres aimés et disparus, dont on assume le deuil par l'écriture.
J'aurais aimé qu'Emmanuel Carrère se montre aussi disert que Philippe Forest sur son dernier livre, car ses interventions parfois hésitantes m'ont quelque peu frustré, moi qui avais été fasciné par Un roman russe. J'aurais par exemple apprécié que son postulat de l'écriture comme effraction dans le réel soit davantage développé, ainsi que l'inéluctable revanche du réel sur nos tentatives fantasmatiques de le contrôler. Il y avait là, vous n'y disconviendrez pas, matière à réflexion. Dommage...

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