Geoffrey Firmin était un de nos
personnages de référence, quand nous avions vingt ou
vingt-cinq ans, que nous étions un peu dans les études
et pas mal dans les cafés. Il y avait même, dans notre
bande, un blond avec barbe qui faisait de son mieux pour incarner le
personnage, et que nous appelions donc le consul. Il est devenu
directeur d'une entreprise de construction dans le gros de Vaud.
Voilà une manière de dire
qu'Au-dessous du volcan était pour nous une sorte de
livre sacré. La longue déambulation picoleuse,
désespérée et romantique du Consul. L'éloge
de l'alcoolisme comme manière de vivre la perte du paradis et la mort de l'amour.
Ce grand roman lyrique et exotique
avait ses initiés. Il y avait entre eux des mots de code, des
références qui faisaient immédiatement le tri.
Completament borracho, le mescal, Oaxaca où certains sont
allés, exprès, à cause du livre.
Tant de souvenirs, parce que je
recommence la lecture de ce roman... Avec de l'appréhension,
il faut l'avouer.
Est-ce que ça va tenir le coup?
Est-ce que je ne vais pas être déçu? Est-ce que
mes souvenirs et l'aura que nous avions mise autour du texte ne
seront pas plus beaux que lui?
Malcolm Lowry, Au-dessous du volcan, Folio