Khamsa : un film sombre et sensible

L'enfance dans un camp de gitans : sobre et sensible

Marco (Marco Cortes) fugue. Il délaisse une famille où il a été placé pour revenir au camp de gitans dans lequel il a grandit. Sa mère est morte, sa grand-mère est souffrante et son père (Simon Abkarian) vient encore de changer de compagne. Au milieu de la poussière et des caravanes, le petit garçon va être amené à grandir. Petit à petit, les tentations se multiplient pour le faire sombrer dans une certaine délinquance. Parviendra-t-il à bien peser le pour et le contre ?

Lorsque l’on lit le synopsis de Khamsa, on est en droit d’avoir peur. Le quotidien dans un camp de gitans, une famille brisée, la montée de la délinquance…Heureusement, pour notre plus grand plaisir, Karim Dridi évite absolument tous les clichés que l’on pouvait craindre. Si son film est solaire ce n’est que pour mieux mettre en lumière la poussière et la crasse des environs. Pourtant, jamais la caméra ne cherche à s’apitoyer. Filmé à hauteur d’enfant, du point de vue du jeune Marco (qui sera surnommé Khamsa lorsqu’il s’embarquera dans diverses affaires de vols), le nouveau long métrage de Dridi sent bon l’aventure et la liberté. Parfois même, ô surprise, la légèreté. L’ivresse d’un sac à main volé, le bonheur de l’argent facile, les délires avec les amis du camp, l’éveil sexuel, la tension d’un combat de coqs…

Avec une simplicité étonnante, le réalisateur livre un portrait de l’enfance pudique et pourtant bouleversant. Dridi s’est imprégné de l’ambiance du lieu, filme avec beaucoup de respect et de sensibilité ses personnages. Cette volonté de saisir les failles et la beauté de chaque protagoniste sans chercher à tout justifier fait plaisir à voir. Et si le final opte pour le drame, on y croit volontiers après 1h40 de totale sobriété. Un cinéaste qui regarde, écoute, prend son temps et un casting éblouissant. Khamsa, malgré quelques lenteurs, à tout pour plaire.