Magazine Culture

LE CIRQUE DE NAVACELLES : des hommes et des pierres

Par Elisabeth Leroy

cirque 3 navacelles.jpgDans ce milieu aussi aride que celui du cirque de Navacelles, on peut se demander si l'homme a pu y trouver une place. Suivant le vieil adage : "Les pierres parlent à ceux qui savent les entendre", il semblerait que l'occupation de ces lieux remonte à l'Antiquité la plus reculée. En témoignent dans les gorges de la Vis, ces grottes ou "baumes" s'ouvrant dans les falaises. Les traces de ces premières demeures apparaissent en effet au sommet des pentes les plus abruptes. Ces abris sous roches et ces cavernes furent donc les premiers habitats pour ces hommes qui passèrent sucessivement de l'outil de pierre à l'art de la poterie. Entre Saint Maurice et la Baume Auriol, la "Balad de las trapas" (le ravin des trappes) permet encore de découvrir certains de ces abris sous roches ainsi que les sentiers préhistoriques.

Au fond du cirque, au hameau de Navacelles, de l'autre côté de la Vis, que l'on peut traverser sur un petit pont de pierre en dos d'âne, quelques traces d'habitat troglodyte demeurent apparentes, au-dessus des maisons plus récentes. Ligures, Celtes, Gaulois (Volques) puis plus tard les Romains ont laissé des traces de leur passage dans ces lieux.

Et il semble bien que l'origine du nom Navacelles remonte aux siècles ayant suivi cette domination romaine, avec l'introduction du christianisme. C'est à cette époque en effet que des moines s'installèrent dans la région, fondant des "cellae" (ou granges) autour desquelles vinrent s'établir quelques habitations. Par la suite, les cellae devaient plutôt désigner des ermitages. Navacelles viendrait donc du latin "Nova cella" ou nouvel ermitage.

Et puis certains n'hésitent pas à comparer ce canyon des causses à ceux du Colorado, pourquoi ne pas penser aussi à ceux qui en ont subi son attrait irrésistible pour le métal précieux à portée de mains dans les eaux limpides de la Vis : l'or.

Certes, il ne s'agissait certainement pas de paillettes d'or, recueillies sur des toisons de brebis, mais il est un fait que cette exploitation fut pratiquée un temps à Navacelles.

L'élevage et la culture des céréales, sur les terres reprises sur la forêt, expliquent pourtant mieux la présence de l'homme sur ces lieux. Celui-ci est même devenu l'artisan principal de l'évolution du paysage environnant. Ainsi, ce n'est certainement pas par hasard que le hameau de Navacelles a été implanté à proximité des seules terres cultivables du méandre. Au cours des derniers siècles, l'homme n'a pas craint sa peine, en poussant même la difficulté jusqu'à aller édifier, sur les côteaux environnants, des kilomètres de murets en pierre sèche. Sur ces terrasses, dont certaines sont encore apparentes, il y cultivait alors l'olivier, la vigne et d'autres cultures vivrières.

Actuellement le village ne compte plus que quelques habitants en plein hiver et un peu plus en saison estivale, en raison de plusieurs résidences secondaires.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Elisabeth Leroy 1160 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines