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Inépuisables Variations Goldberg

Publié le 12 octobre 2008 par Philippe Delaide

Les médias ont accueilli avec une belle ferveur une version récente des Variations Goldberg de JS Bach au piano. Il s'agit de l'enregistrement effectué par une jeune pianiste américaine, Simone Dinnerstein, avec le label Telarc.

Le point tout d'abord remarquable est la ténacité de cette musicienne qui a mis tous les moyens en œuvre pour enregistrer ces variations, tout d'abord à compte d'auteur. Vient ensuite l'enchaînement que l'on peut imaginer avec une équipe du label Telarc qui découvre cette interprète et note tout de suite dans cette version ses belles qualités esthétiques et narratives, puis une série de concerts comme de distinctions (dont un des Diapasons d'Or du mois de septembre en France).

Ce qui frappe à l'écoute de cette interprétation de ces célèbres variations, c'est la cohérence de l'approche, tout à fait défendable et qui apporte encore un nouvel éclairage. C'est finalement cela qui est le plus important, indépendamment de l'adhésion que l'on peut avoir ou non sur la rhétorique (toucher, phrasé, tempo).

Bach variations goldberg dinnerstein 2
Simone Dinnerstein déploie ces variations avec un tempo assez étiré, un jeu très lié, linéraire (cela change des approches pianistiques qui se veulent éxagérément détachées pour se rapprocher au mieux du clavecin). On remarque également d'emblée une élégance, une grâce certaines. Elle avoue l'influence inévitable de Glenn Gould et de Rosalyn Türeck (les supprêmes références en la matière) alors que finalement son jeu est assez différent de ces deux pianistes. A l'opposé de l'ivresse rythmique, la concentration quasiment mystique de Glenn Gould, elle déploie un jeu d'une certaine tendresse mais sans afféterie, dégageant par moment comme une sorte d'impression de flânerie. Elle met aussi habilement en lumière les ressorts formels de certaines variations (par exemple, la référence à la danse, très marquante dans la variation N°20). Contrairement à l'approche analytique du pianiste canadien visant à restituer aussi bien la richesse que l'unité rythmique de ce corpus de 32 variations , elle oppose nettement les différents climats restitués par les variations et s'attarde sur certaines comme pour tenter de construire sa propre approche narrative.

Son jeu est bien moins fébrile que Glenn Gould et moins souverain que Rosalyn Türeck, mais il capte tout de même fortement l'attention par sa noblesse et un déroulement très naturel.

Enfin, elle restitue çà et là quelques couleurs, ce qui est particulièrement rare dans les interprétations des œuvres pour clavier de JS Bach.

Les adeptes de la rythmique et de la tension de la ligne propre aux compositions du cantor seront certainement frustrés à l'écoute de cette version. J'avoue pour ma part y être au contraire assez sensible, même si elle n'atteint tout de même pas le magnétisme sidérant de la version de Glenn Gould de 1981.

A noter enfin les superbes sonorités nacrées du Steinway hambourgeois de 1903 sur lequel a été effectué cet enregistrement techniquement assez réussi.

Lien direct vers la page du label Telarc permettant notamment d'écouter de courts extraits.

A découvrir.

Variations Goldberg - JS Bach - Simone Dinnerstein (piano) - label Telarc.


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