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Publié le 13 octobre 2008 par Ericlaforge

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Le 1er mars 2009 à ANVERS avec Classic 21 !

é les pertes humaines parmi les civils en Afghanistan, alors que le mois d’août a été le plus meurtrier depuis la chute des Talibans à la fin 2001. Trois cent trente civils ont été tués le mois dernier en Afghanistan, dont plus de 90 dans une attaque aérienne par la force internationale à Shindand (ouest), a déploré Mme Navi Pillay dans un communiqué. “C’est le plus grand nombre de civils tués en un seul mois depuis la fin des plus fortes hostilités et la chute des talibans à la fin de 2001”, a souligné la Haut commissaire. Au total, 1 445 civils ont été tués depuis le début de l’année, soit 39% de plus que durant les huit premiers mois de 2007, selon les statistiques de l’équipe chargée du suivi des droits de l’homme auprès de la mission de l’ONU en Afghanistan.

La responsabilité de plus de la moitié de ces morts — 800 tués, soit 55% — est attribuée aux talibans ou à d’autres forces rebelles, ce qui représente près du double des 462 victimes qui leur avaient été attribuées du 1er janvier au 31 août 2007. »

Mais les morts provoqués par des étrangers n’ont pas le même poids que des morts provoqués par des combattants locaux. La longue histoire de l’Afghanistan le prouve.

L’extension de la guerre et de la résistance à l’occupation étrangère ne peut que se poursuivre. Et il est douteux que le sort du peuple afghan s’améliore par une escalade de l’intervention occidentale.

- Troisième argument, nos soldats se battent contre le terrorisme. Si nous ne triomphons pas en Afghanistan, le combat aura lieu en Europe.

Et si le contraire était vrai ? Si c’était l’intervention croissante des forces américaines et occidentales dans le monde musulman qui provoquait un rejet nationaliste ? C’est ce dont est convaincu Richard Barrett, chef du bureau des Nations unies de surveillance d’Al-Qaida, selon un article de l’hebdomadaire britannique The Observer (« UK campaign in Afghanistan ’aids al-Qaeda’ », Mark Townsed, 14 septembre).

« La présence des forces étrangères apporte de l’eau à leur moulin, et ils (Al-Qaida et Ben Laden) ont été très habiles à exploiter la peur des forces étrangères. On peut dire que la peur des forces étrangères donne de l’oxygène dans la région, et amène les chefs tribaux à mettre de côté leurs divisions pour s’unir contre les forces étrangères. » Selon ce journal, Barrett a affirmé que les troupes occidentales avaient aidé Al-Qaida à se renforcer le long de la frontière afghano-pakistanaise et que ces troupes offrent un objectif pour les groupes terroristes.

On peut ajouter que l’Afghanistan est devenu depuis plusieurs mois, notamment après l’affaiblissement d’Al-Qaida en Irak, le point de ralliement de tous les combattants qui rêvent d’en découdre avec les Occidentaux. Et donc à renforcer le poids de l’organisation au sein des groupes armés, dont la plupart des combattants sont mus par des sentiments nationalistes et non par l’idée d’un djihad mondial.

Il est évident que les bombardements – qui reposent souvent sur de mauvaises ou de fausses informations liées au caractère même de la guerre – et leur cortège de morts civils radicalisent aussi les oppositions.

Dans un entretien à l’Agence France Presse, le 5 septembre 2008, deux chercheurs français, Mariam Abou Zahab, (CERI-Sciences Po) et Bernard Dupaigne (professeur au musée de l’Homme), notaient les dangers de l’amalgame. « Qualifier de “terroristes” tous les combattants anti-occidentaux en Afghanistan est un amalgame erroné qui condamne à ne pas comprendre les menaces et les enjeux, préviennent ces experts français de la région. Selon eux, la plupart de ceux qui mènent des attaques contre les forces américaines, canadiennes ou européennes sont soit des nationalistes pashtouns, soit des extrémistes religieux, soit des guerriers tribaux — souvent un mélange des trois —, qui luttent contre ce qu’ils considèrent être des armées d’occupation. Et s’ils peuvent côtoyer par endroits et par moments, surtout dans l’Est du pays, des groupes proches ou affiliés à Al Qaïda, ils ne s’inscrivent pas dans la mouvance du “jihad global”, assurent-ils.>

Abou Zahab : « Vous avez, surtout dans le Sud, des combattants extrêmement jeunes qui sont avant tout nationalistes. Leur discours est basique mais efficace : des troupes non-musulmanes (ils disent “infidèles”) ont envahi mon pays. C’est mon devoir de les combattre. Point. »

Dupaigne : « Nombre de ceux qui tapent sur les armées occidentales sont les mêmes ou les fils de ceux qui tapaient sur les Russes, simplement parce qu’ils étaient là. Si les Russes n’avaient pas été là, ils seraient restés garder leurs chèvres. C’est pareil aujourd’hui. »

L’escalade des combats suscite aussi une radicalisation au Pakistan, comme le montre un sondage réalisé en juin 2008 par The New America Foundation, qui montre que 52% des Pakistanais considèrent que les Etats-Unis sont les principaux responsables de la violence dans leur pays (contre 15% qui considèrent que ce sont les groupes islamistes radicaux). 50% pense qu’il faut négocier avec Al-Qaida. Et les opinions favorables à l’égard d’Al-Qaida ont augmenté cette année, principalement parce que l’organisation est perçue comme s’opposant à la politique américaine.

Mais si les troupes françaises se retirent, que se passera-t-il ? Faut-il un retrait immédiat ? Quelle est la solution politique ? Je reviendrai sur ces questions dans un prochain envoi, mais je voudrais rappeler la déclaration de la membre de la chambre des représentants américaine Barbara Lee, qui fut la seule du Congrès à voter, le 14 septembre 2001, contre l’Authorization for the Use of Military Force Against Terrorists (AUMF). Elle s’explique en disant qu’elle vote non, « non parce qu’elle est contre une action militaire, mais parce que l’AUMF dans sa formulation donne des pouvoirs de guerre exagérés au président, alors même que les informations sur la situation ne sont pas claires. C’est un chèque en blanc permettant au président d’attaquer quiconque est impliqué dans les événements du 11-Septembre, où que ce soit, dans n’importe quel pays, sans considération des intérêts à long terme de notre nation dans les domaines de la politique étrangère, de l’économie ou des intérêts nationaux de sécurité, et ce
sans limite de temps. (…) Le Congrès aurait dû attendre de connaître les faits et d’agir ensuite en plein connaissance de cause. »
(Cité par Helena Cobban sur son blog Just World News, « September 11 and the war in Afghanistan », 10 septembre.)

Alain Gresh ,Nouvelles d’Orient ,les blogs du Diplo


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