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Tonnerre sous les tropiques

Par Rob Gordon
Tonnerre sous les tropiquesÇa n'est pas vraiment une découverte : les blockbusters d'aujourd'hui sont devenur de véritables produits marketing, qui font l'objet dès leur écriture d'une conception mercantile. Il faut songer aux contenus du futur DVD, aux éventuels produits dérivés, aux featurettes promotionnelles... Tonnerre sous les tropiques raille ce principe, mais tombe malheureusement la tête la première dans ce qu'il dénonce. C'est qu'il faut être aveugle ou dépourvu de connexion Internet pour avoir réussi à échapper aux fausses bandes-annonces, aux courts-métrages publicitaires et aux versions longues du film dans le film. En résultent plusieurs réactions possibles : les uns, consommateurs dans l'âme ou gros curieux, ont l'impression d'avoir vu le film avant même d'être entrés dans la salle, tandis que les autres, raisonnables ou concentrés sur le film lui-même, en sortent avec l'impression d'avoir raté une partie de la blague. Un effet désastreux pour un film difficile à juger pour lui-même, tant il semble n'être que l'une des parties d'un grand tout.
Mais il y a tout de même cent dix minutes de pelloche, et de quoi se mettre sous la dent. L'auteur de ces lignes faisant partie de ceux qui fuient comme la peste les bandes-annonces et autres vidéo promotionnelles, il a goûté avec joie les faux trailers qui ouvrent le film (tandis que d'autres, qui les avaient déjà vus vingt fois, attendaient patiemment la suite). Avec joie, mais pas avec hilarité : Stiller et son coscénariste Justin Theroux (meilleur acteur qu'auteur) parodient allègrement quelques genres, sans aller cependant jusqu'au bout de leurs délires. Dès son prologue, Tonnerre sous les tropiques annonce la couleur : ce sera un film frustrant, un giga brouillon à 92 millions de dollars, épisodiquement drôle mais jamais vraiment convaincant. Une fois encore, on a l'impression d'assister à une sorte de gros résumé du film, la version longue et drôle étant réservée à l'édition colelctor du DVD. Ainsi donc, l'idée de plonger une bande d'acteurs dans un lieu où la guerre fait réellement rage a quelque chose de brillant et excitant. Bien dosés, le comique et le doux-amer forment souvent une alliance de choix. Cela donne en effet quelques moments délicieusement cruels, bien menés par un Stiller qui s'est réservé les meilleurs morceaux du film. Car ses compères ne sont pas aussi bien servis : Robert Downey Jr. est génial en acteur modèle (et néo-black), mais il n'a finalement pas grand chose à défendre ; pire, Jack Black en est réduit à se rouler par terre pour montrer qu'il supporte mal son sevrage, et ce en boucle pendant une bonne partie du film. On attendait un trio de choc, et on ne récolte que les miettes.
C'est finalement du côté des troisièmes rôles qu'il faut chercher : chacune des apparitions de Tom Cruise est un régal, et Nick Nolte n'est pas mal non plus dans un genre qu'il a rarement abordé dans sa sombre carrière. Mais l'hétérogénéité amplifie l'impression de morcellement donnée par Tonnerre sous les tropiques : c'est un enchaînement de vignettes, de qualité très variable, plus que l'Apocalypse now dopé au gaz hilarant qui nous était promis depuis des lustres. On en ressort de bonne humeur, mais pas aussi grisé que prévu, avec l'envie tout de même d'aller se bâfrer de tout le matériel promotionnel proposé actuellement sur le net comme sur le DVD.
5/10

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