
Dans un premier temps, la caméra de Fendrik enrobe d’un regard tendre et bienveillant ce gentleman-braqueur, qui fait tout sauf se donner en spectacle et traite avec courtoisie celle qu’il menace tout de même de son arme. L’affaire est dans le sac : on prend fait et cause pour cet assaillant alors qu’on ignore pourquoi il a besoin de cet argent, ni même s’il en a besoin. La suite montrera qu’il est plus complexe et moins parfait que la première impression le laissait deviner. Le mystère rode du début à la fin, le film refusant tout net de verser dans l’explicatif ou de succomber aux charmes d’une intrigue bien carrée. Au gré de plans-séquences irréprochables et discrets, le cinéaste finit par dresser le portrait étrange d’un inconnu pour le moins singulier.
Par la suite, Fendrik décrit l’après-braquage(s) et fait sienne l’agitation intérieure du héros. Il devrait se sentir sauvé, hors d’atteinte, quelque chose cloche, et son cœur ne peut cesser de s’emballer. Sans rebondissement improbable, L’assaillant bascule pourtant vers quelque chose d’autre, aussi touchant que le début, et étonnamment plus haletant. L’immense reproche à faire au cinéaste, c’est que sa louable volonté de faire court crée une vraie frustration, de celles qui gâchent le plaisir au lieu de le décupler. 1h05 quand on s’accroche à un univers, c’est tout de même peu, surtout que la toute fin n’est sans doute pas à la hauteur des belles promesses faites par cette très belle heure de cinéma.
7/10
(également publié sur Écran Large)