En cette prometteuse soirée, le trio anglais Sky Larkin (ci-contre) se chargent de la mise en bouche et exposent brutalement son rock énergique et noisy. La balance, mal ajustée, relègue la voix de la chanteuse Katie Harkin au second plan et lorsqu'elle parvient ponctuellement à s'exprimer, elle se pare de mauvais accents à la Dolores O'Rioran (feu The Cranberries) ou à la Sarah Bettens (K's Choice), les fêlures en moins. Tout ça est fort déplaisant. Heureusement, Dave Matthews, le batteur du groupe, colmate les brèches et accapare l'attention. Le nounours rouquin, par ailleurs surnommé “Duracell”, sévit sur ses percussions et ponctue chaque claquement d'une sorte de rugissement, faisant ainsi pleuvoir sa sueur sur la scène et insufflant une hargne salvatrice à sa moribonde formation. Ses baguettes brisées témoigneront de sa puissance et de son engagement.
On oublie instantanément ce mignonnet folklore lorsque les Britanniques s'éclipsent, laissant place nette à l'attendu Conor Oberst. Le public, jusqu'à présent distrait, se rassemble et, presque en tension, veille l'entrée de son shaman. Comme lors des précédentes dates de la tournée, aucun titre de Bright Eyes n'est au programme ce soir. Le chanteur d'Omaha interprètera exclusivement les morceaux de son album solo (cover ci-dessous), une mauvaise nouvelle pour les amateurs du groupe mais une bonne occasion d'éprouver la nouvelle inspiration du garçon et son fameux “génie” à la Bob Dylan.
Conor Oberst prend peu à peu ses marques, mis en confiance un public fasciné. Il frappe vigoureusement le sol de ses bottes de cow-boy et bondit d'un ampli l'autre la guitare en bandoulière, en communion totale avec ses débridés camarades du Mystic Valley Band. L'ambiance est à la folk song conviviale et rythmée. Son inattendue séance de playback – signe d'un trop grand confort ou d'une trop grande assurance - restera incomprise du public. Mais avec charisme, le chanteur ne perd pas les rênes de la soirée et poursuit de dévoiler les belles partitions de son album, de la sublime ode spatiale “Cape Canaveral” au folk-country entraînant “I don't want to die in hospital” (où l'on pense forcément un peu à Hank Williams).
Sans surprise, le songwriter développe ses thèmes fétiches : le voyage, la route, la fuite, comme en témoignent “NYC-Gone, gone” ou le refrain emblématique de “Moab”, “There's nothing that the road cannot heal”. Non loin du cliché, j'évoquais Kerouac, aussi bien aurais-je pu citer un autre Jack (London) et bien d'autres tant Conor Oberst prend la pose du poète (beat) et tire ardemment sur la corde sensible. Mais en évitant la caricature et l'affront, en digne fils de la respectable Amérique, l'homme impressionne et émeut, s'incrivant, non sans caractère, dans la plus pure tradition folk US. Chapeau bas l'ami.
Le myspace de Sky Larkin et celui de Conor Oberst
Les sites web de Conor Oberst et du Nouveau Casino