Apparemment, rien au premier abord ne rapproche ces deux toiles que plus de cinquante ans d'évolution picturale séparent.
Pourtant ces deux toiles sont très similaires par la technique utilisée pour rechercher la profondeur : grands aplats de couleurs, essentiellement verticaux, avec quelques lignes horizontales et quelques touches contrastées. Avec chez Vuillard, une élégante qui est presque devenue un personnage secondaire dans le tableau mais qui permet par ses vêtements (jupe noire et touches de blanc sur le corsage rose) d'augmenter l'effet lumineux et de faire ressortir la clarté jaune au fond de l'espace (et qui ressemble à une croix ? forme de croix que l'on retrouve dans d'autres tableaux "Au lit" ou "Scène d'intérieur" de Vuillard). Avec chez de Stael, deux verticales noires qui encadrent quasiment la toile ainsi qu'un linteau bleu horizontal qui guident insensiblement mais sûrement l'oeil du spectateur vers le beige (situé presque au centre de la toile) et qui accentuent l'effet de profondeur.
Et, il y a même un certain paradoxe entre ces deux toiles. En effet, même si l'une reste encore dans le concret, avec le thème de la porte entrebaillée, elle est déjà traitée d'une façon très abstraite pour la fin du XIXème, alors que la composition abstraite de Nicolas de Stael fait penser à un portique japonais (traits noirs et linteau bleu à la façon de la calligraphie japonaise).
Mais laissons conclure Nicolas de Stael : "La seule recherche sérieuse dans un tableau, c'est la profondeur, et un tableau c'est un espace organisé."