Parlons enfin tout droit d'Au-dessous
du volcan (voir ici et ici) Qui n'est pas un livre facile
d'accès. Pour les raisons, peut-être, qui font sa
réussite.
La densité d'abord. L'intrigue
est simple pourtant: Yvonne revient à Quauhnahuac, une ville
mexicaine, pour retrouver son mari, Geoffrey Firmin, ex-consul
d'Angleterre, après une séparation d'une année.
Elle le retrouve au matin dans une cantina, complètement ivre
après une nuit passée au bal de la Croix-Rouge. C'est
le jour des morts.
On suit jusqu'au soir ces personnages,
à qui se joint Hugh, le demi-frère de Geoffrey,
amoureux d'Yvonne. Promenades, course de taureau, errance alcoolisée,
jusqu'à la mort ignominieuse du consul, tué par des
para-militaires fascistes et jeté dans un ravin avec le
cadavre d'un chien, alors qu'Yvonne, un peu plus loin, est foudroyée
par l'orage.
Mais là-dessous courent d'autres
récits, surgissent des allusions, apparaissent des symboles,
de sorte que le roman est comme une vaste forêt parcourue de
sentiers qu'on peut prendre ou non, avec aux embranchements des
panneaux signalétiques pointant vers différentes
directions.
Il n'est pas indifférent que le
consul tente d'écrire un livre magistral sur l'ésotérisme.
La réalité est une apparence, la vérité
est cachée, accessible aux initiés, foisonnante, seule
porteuse de sens.
Quelques pistes sont données: le
paradis perdu (le jardin), l'Adam primitif et androgyne de la Kabbale
coupé en deux, le péché originel, la
culpabilité, le mythe du bon Samaritain, le Jour des Morts
mexicains, les cercles de l'enfer, la roue de la vie, la forêt
primitive, etc. (Certains de ces thèmes sont développés
par Max-Paul Fouchet dans la postface de mon édition.)
Autre difficulté - et
autre plaisir: la langue. Lyrique, poétique, aux phrases
amples, intégrant plusieurs niveaux de narration. Une langue
somptueuse.
Et au total, comme je l'ai dit: un
chef-d'oeuvre.
Malcolm Lowry, Au-dessous du volcan, Folio