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Les 40 ans des King's Singers : too much !

Publié le 21 octobre 2008 par Philippe Delaide

Concert lundi 13 octobre à la Salle Gaveau. L'ensemble vocal des King's Singers fêtent leur 40 ans. La soirée est placée sous le signe d'un éclectisme savoureux, allant des madrigaux de la Renaissance à George Gershwin, en passant par les inévitables références aux Beatles.

L'ensemble très British des King's Singers nous a offert une très belle soirée avec une ambiance assez bon enfant, pas mal de second degré mais, surtout, la participation enjouée et généreuse de vrais musiciens invités par l'ensemble vocal britannique. Parmi les "special guests", le public de Gaveau a eu le plaisir d'écouter l'ensemble l'Arpeggiata sous la direction de Christina Pluhar.

Les six King's singers démarrent leur concert avec un magnifique tour d'Europe du madrigal. L'introduction avec un air profane et très expressif de Roland de Lassus (Dessus le marché d'Arras) n'est pas sans nous rappeler Clément Janequin. Ensuite s'enchaînent le recueillement avec un motet ténébreux du flamand Heinrich Isaac, le style typiquement concitato sur le célèbre Si ch'io vorrei morire du IVème livre de madrigaux de Monteverdi et l'aérien air profane Draw on sweet night du compositeur anglais John Wilbye.

Viennent ensuite les musiciens de l'ensemble l'Arpeggiata pour interpréter quelques airs de "Los Impossibles" qui, avec les voix des King's Singers, évoquent avec brio la ferveur, la sensualité et le rythme endiablé de la musique ancienne latino-américaine et espagnole.

Les King's Singers nous saisissent ensuite avec un des moments les plus denses et intenses du concert avec deux superbes madrigaux de lâge d'or espagnol dont le magnifique Versa est in Luctum du compositeur Alonso Lobo. La tension est absolue sur ces madrigaux qui révèlent toute la densité, la texture serrée, presque oppressante du style madrigal espagnol.

Les King's Singers terminent la première partie avec un hilarant La bomba de Mateo Flecha évoquant le naufrage rocambolesque et folklorique de marins espagnols.

Après l'entracte, les King's singers nous plongent dans l'univers du jazz avec la collaboration de très bons musiciens suédois, dont une superbe et talentueuse chanteuse (Margareta Bengston) à la tessiture incroyable et au swing entraînant ainsi que le délicat clarinettiste Staffan Mårtensson. George Gershwin et Harry Warren sont au programme et des King's Singers qui révèlent leur agilité incroyable dans un répertoire radicalement différent de la première partie.

La soirée se termine avec un patchwork mêlant des airs des Beatles (dont le fameux Penny Lane tordant de second degré quand il est revisité par les King's Singers), à nouveau de la Renaissance espagnole (autre grand moment du concert, le trio guitare, percussion, contrebasse sur un air de musique ancienne certainement espagnole, d'une virtuosité époustouflante, par Marcello Vitale, David Mayoral et Richard Myron) de la comédie musicale américaine et, comme bouquet final, un génial bœuf avec tous les musiciens mis à contribution dans la soirée. Voir et entendre l'excellent percussionniste de l'Arpegiatta (David Mayoral) s'improviser aux "drums" d'un air "jazzy" avec un tambourin caressé par deux balais style renaissance, cela vaut le détour.

Excellente soirée avec un public conquis, enthousiaste, une ambiance débridée et chaleureuse.

Longue vie aux King's Singers !

Ci-dessous, le superbe Blackbird des Beatles revisité par nos sacrés chanteurs, tiré du site youtube et qui permet d'apprécier le superbe étalonnage des timbres et l'homogénéité de l'ensemble.


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