La Marseillaise sifflée au Stade de France ( France-Tunisie )
Chaque mercredi, le pire du pire est sur le net. On a lu pour vous, on en reparle ici.
D'habitude, siffler est plutôt agréable, un signe de détente évidente. Il y a qui siffle sous la douche, qui siffle les filles à la terrasse des cafés... bref émettre de l'air entre les dents avec la langue, ça n'a rien de bien méchant. Sauf quand vous êtes dans un stade, et qu'au moment des hymnes nationaux, vous commencez à siffler copieusement ces chansonnettes souvent guerrières ( on y parle en France de sang impur, en Italie de soldats prêts à mourir...) qui sont censées êtes des symboles forts, participants à l'élaboration d'une idée de nation. La France n'a pas de chance : quand ce ne sont pas les algériens et les marocains, ce sont les corses, qui manifestent ainsi de vagues idées de dissidences, en réalité l'expression d'un malaise diffus, voire incompréhensible pour les derniers cités. Il n'y avait pas de raison pour que les tunisiens fassent exception, et eux aussi ont recouvert la Marseillaise de leur mécontentement croissant. Sarkozy a pris la mouche et menace de ne plus faire jouer les matchs en telle situation : qu'il continue à faire le présidentissime, et pas le président de la fédération de foot, et ce sera aussi bien.
J'aurais envie de dire à ces jeunes tunisiens... Pardon, je recommence. A ces français souvent de seconde ou troisième génération tunisienne, qui utilise leurs origines comme l'étendard de leur mal être, que la Tunisie mériterait probablement mieux que ça, mieux qu'eux, en tous les cas. Je voudrais aussi les inviter à se pencher sur la réalité d'un pays corrompu jusqu'à l'os, encore par trop sous développé en raison du clientélisme et la gestion mafieuse de deux présidents, Bourguiba / Ben Ali, et d'un peuple qui aurait pu aspirer à beaucoup plus, sans ces deux dictateurs de pacotille. Allez donc en Tunisie, votre patrie, finalement, comme vous voudriez nous le faire croire ( bien souvent vous n'y avez jamais mis les pieds, où quelques jours pour les vacances, loin de la réalité quotidienne de qui y vit ) et comportez vous y exactement comme vous le faîtes dans votre quartier. Nous reparlerons ensuite de votre expérience dans quelques années, à votre sortie des geôles d'état, si vous supportez le séjour.
La France ( et ses symboles ) sont souvent critiquables, dépassés, imparfaits, de beaucoup. Et ça ne va pas en s'arrangeant. Mais il faut faire aussi preuve d'objectivité, et ne pas systématiquement cracher dans la soupe, si on ne veut pas que celle-ci devienne vraiment immangeable. On ne combat pas le racisme de certaines institutions et le malaise de plusieurs générations par la guerre à outrance contre tous ceux ou tout ce qui représente votre ennemi imaginaire. La France n'est l'ennemi de personne, et les jeunes tunisiens ( algériens, marocains ) de banlieue ne sont pas les ennemis de Jean, de Paul, et de Robert. Juste trop souvent des paumés ghéttoïsés que la politique a longtemps méprisé, et qui sont récupérés par tout un groupe de nantis inconscients ( rapeurs, stylistes, immams, médias ) qui prône une guérilla urbaine ouverte dont il ne pourrait y avoir que des vaincus. Alors on peut toujours arrêter ou annuler le match, mais on ferait tout aussi bien de se regarder en face, et de commencer à vider les consciences avec la plus pure objectivité.
Cela étant dit, siffler ces deux incompétents notoires est d'utilité public...