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L’Oeil du Mal de D. J. Caruso

Par Geouf

Résumé: Jerry Shaw (Shia LaBeouf) est un loser sans grande ambition, toujours fauché, et qui travaille dans un magasin de reprographie. Sa vie bascule lorsqu’un soir en rentrant chez lui après l’enterrement de son frère jumeau, il découvre son appartement rempli d’armes et d’équipements destinés à fabriquer des bombes. Une femme mystérieuse lui téléphone alors pour lui signifier qu’il a 30 secondes pour quitter le bâtiment avant que le FBI ne débarque. C’est le début d’un long cauchemar pour le pauvre Jerry, qui va devoir se dépêtrer d’une situation sur laquelle il n’a plus aucun contrôle…

 

Attention ! Cette critique contient de très nombreux spoilers, notamment sur la fin du film. Lisez à vos risques et périls !

Eagle Eye (on va oublier le titre français tout pourri et totalement à contresens du film) est le nouveau film de D.J. Caruso après le très sympathique Paranoiak l’an dernier (encore un titre français ridicule, décidément, il est pas gâté le pauvre !). Initialement prévu à la réalisation, Spielberg a décidé de laisser la place à Caruso, se contentant de produire ce blockbuster dynamique. Caruso retrouve ici la vedette de son précédent film, Shia Labeouf, dans le double rôle de Jerry Shaw et de son frère jumeau. Il est secondé par la charmante Michelle Monaghan, elle aussi prise dans cette spirale infernale. Le casting est complété par quelques acteurs solides dans les seconds rôles, notamment le toujours impeccable Billy Bob Thornton en agent du FBI opiniâtre, et Michael Chiklis, qu’on préfère dans ce petit rôle du secrétaire de la défense que dans celui du bibendum chamallow, pardon, de la Chose dans Les 4 Fantastiques.

S’il est loin de révolutionner le cinéma d’action, Eagle Eye est un très sympathique blockbuster qui parvient sans peine à divertir deux heures durant. Son scenario est certes loin d’être original (on mixe allègrement Minority Report pour le côté « tout le monde en a après moi », Ennemi d’Etat pour le côté « oh mon dieu je suis surveillé quoique je fasse » et surtout I, Robot avec cette histoire d’intelligence artificielle qui outrepasse ses fonctions pour le bien de l’humanité) mais suffisamment bien mené et efficace pour tenir en haleine jusqu’au bout. La moindre des qualités du film étant d’arriver à faire avaler au spectateur des facilités scénaristiques énormes (ah oui c’est quand même bien pratique que le gars dont l’IA a besoin ait justement un frère jumeau, et puis je savais pas qu’on pouvait faire péter des lignes à haute tension aussi facilement pour tuer les gens…) sans que cela ne soit dérangeant. On se laisse très rapidement prendre au jeu, suivant avec intérêt ce jeu de piste mortel. Une grosse part du mérite revient à ce sujet aux deux acteurs principaux, aussi à l’aise dans les scènes d’action que dans les passages plus intimistes. A cet égard, Shia LaBeouf s’affirme de plus en plus comme un acteur à suivre.

Mais le film n’est pas exempt de défauts, le principal étant le foirage quasi intégral des scènes d’action. La scène de poursuite en début de film se veut haletante, elle est au final juste bordélique et incompréhensible. Caruso tente de faire son Paul Greengrass mais il est loin d’avoir sa maitrise de l’espace. Etonnant tout de même que le parrainage de tonton Spielberg n’ait pas eu plus d’influence sur la réalisation de son poulain. Surtout que les quelques autres scènes d’action sont un peu plus maitrisées et que le final intense est un modèle de découpage (on pense pas mal aux films de de Palma dans cette façon de mettre tous les éléments en place pour le grand final). Et puisqu’on en est à parler de la fin, j’en viens au second problème du film, à savoir son happy end niaiseux. Non seulement on nous fait le coup du « mais non, en fait le héros il est pas mort, vous inquiétez pas !» mais en plus on a droit à l’affreuse scène pour montrer que ben les deux personnages principaux ils sont tombés amoureux et en plus le mec il est devenu responsable et adulte et toussa… Un épilogue guimauve qui reste un peu en travers de la gorge, mais un peu contrebalancé par la scène montrant que quoiqu’il se passe, les politiques sont incapables d’apprendre de leurs erreurs.

Au final, Eagle Eye est un très sympathique blockbuster, dynamique et haletant, mais un peu gâché par une réalisation parfois approximative. Gageons tout de même que Caruso va continuer à s’améliorer et finir par nous pondre un très bon film un jour ou l’autre. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Note : 7/10


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