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Damballah de John Edgar Wideman

Par Sylvie
ETATS-UNIS
Damballah de John Edgar Wideman
Editions Gallimard "Du monde entier", 1981
John Edgar Wideman, né en 1941, est l'un des plus importants écrivains noirs américain après James Baldwin et Toni Morrison. Fils d'éboueur de Homewood, le  ghetto de Pittsburg, il est l'auteur d'une oeuvre abondante qui est un hommage à la mémoire afro-américaine.
Damballah est le premier volet de la trilogie de Homewood consacrée justement à l'histoire d'une famille noire de ce ghetto (histoire largement autobiographique)  de 1840, lorsqu'un couple mixte composé une esclave et du fils d'un maître s'installe à Pittsburg, à nos jours. Dans ce roman, pas d'intrigues linéaires, chronologiques. Au contraire, l'image d'une toile d'araignée est évoquée , celle qui rassemble plusieurs voix qui tentent de sauver de l'oubli une mémoire familiale bicentenaire. Chaque chapitre est consacré à un personnage, le plus souvent des femmes : l'aïeule raconteuse d'histoires, la fille mère, la mère d'un taulard mais aussi une chanteuse de blues, une fillette qui tente de sauver son père alcoolique. Un vendeur de glace qui trouve un cadavre de bébé dans la neige et un délinquant qui erre dans les rues.
Cet oratorio de voix donne à ce magnifique roman un air de complainte et d'épopée lyrique. L'influence du gospel est certaine ; ces voix déchirantes en appellent à un Dieu miséricordieux de l'Eglise Méthodiste et aussi à Damballah, le dieu vaudou des africains.
Chaque voix évoque souvent un épisode dramatique de l'existence qui place les âmes au bord de la déréliction. La parole est retranscrite grâce à une narration omnisciente ou à des dialogues. Mais le plus souvent, ce sont des monologues qui retranscrivent de façon très lyrique les émotions des personnages. On peut alors parler de véritable chant poétique dont les influences vont du gospel au rap, du vaudou africain au récit biblique.
On appréciera la divervité des tonalités, allant de la tragédie au burlesque (un sans abri qui s'effondre dans un tas de pastèques...).
Le lecteur peut être déstabilisé par la multitude de personnages et l'absence d'intrigue centrale. Plus qu'un roman, ce récit est un chant poétique qui célèbre, par delà la douleur, l'espoir et la grandeur humaine face au silence des dieux.
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