Les films de Rabah Ameur-Zaïmeche ne manquent jamais d’alimenter le débat, et Dernier maquis n’échappera pas à la règle. Si le réalisateur entend lutter avec ce film contre une certaine stigmatisation de l’islam (intention louable et compréhensible), on voit mal comment il pourrait y parvenir avec ce portrait d’un chef d’entreprise certes sympathique et bienveillant, mais qui pratique un prosélytisme pour le moins gênant. Enjoignant ses salariés à pratiquer la religion musulmane, voire à s’y convertir, Mao va même jusqu’à ouvrir une mosquée et à en désigner l’imam. Sujet délicat : Mao fait-il le bien de ses employés, ou se livre-t-il délibérément à une campagne de propagande collant mal au principe de laïcité qui régit notre pays ? RAZ semble avoir choisi, voyant son personnage principal (qu’il interprète lui-même, d’ailleurs) comme un véritable héros, qui fait preuve de courage et de bonté. Point final. Embarrassant.
Pour autant, Dernier maquis n’a rien d’un film dangereux, prônant le modernisme et la sagesse dans la religion comme dans le travail. Ameur-Zaïmeche traite ses personnages avec un respect tantôt rigolard et tantôt grave, les enveloppant d’une vraie tendresse – comme d’ailleurs le patron du film envers ses employés. Le conflit social qui clôt le film est décrit avec une vraie mesure et pose des questions essentielles que le réalisateur prend le soin de laisser ouvertes. S’il abuse un peu des piles de palettes servant de décor au film comme d’une métaphore sur l’enfermement et les innombrables issues que propose le monde, le metteur en scène livre une œuvre sincère et engagée, même si elle ne convaincra certainement pas tout le monde.
6/10
(également publié sur Écran Large)