Sortir de la première partie d'un diptyque en se disant "vivement la suite" est évidemment une bonne chose, et la preuve que Jean-François Richet a réussi la première moitié de son pari. L'instinct de mort est un portrait réussi du fameux Jacques Mesrine, retraçant avec force et précision le parcours qui a fait de lui l'ennemi public numéro un. Après une présentation un peu balbutiante (humour peu à propos, dialogues gênants), c'est lorsque Mesrine se lance véritablement dans le banditisme que le film prend son essor.
La qualité première du film, c'est d'arriver à montrer le showman que fut Mesrine sans tomber pour autant dans un film spectacle, un peu comme l'ignoble Scarface du surcôté De Palma. Non, Mesrine n'est pas un héros ; oui, c'est une pourriture, qui ne pense qu'à la gloire et à l'adrénaline. Hors de question de l'édifier en légende vivante. Mais le scénario évite habilement les pièges d'une attaque à charge qui aurait été trop simple : on ne tire pas sur une ambulance. On méprise Mesrine mais on a envie de poursuivre la route avec lui, qu'il se sorte de chacune des galères où il se fourre afin de nous procurer quelques frissons supplémentaires. Et on ne peut s'empêcher, très brièvement, d'éprouver une sorte d'admiration malsaine pour cette tête brûlée capable de jeter des grenades sur les voitures de flics et de revenir sur les lieux d'une évasion pour faire sortir ses anciens compagnons d'infortune. Un cinglé total, auquel il serait difficile de croire s'il n'y avait l'estampille "histoire vraie". Et s'il n'y avait la prestation de Vincent Cassel, qui se fond littéralement dans le personnage. Sans guère d'artifices (on évite le sempiternel défilé de postiches), Cassel EST Mesrine, et c'est admirable. Les seconds rôles ne sont pas mal non plus, au passage.
Côté mise en scène, on sent que Richet a bien retenu toutes les leçons apprises pendant le tournage d'Assaut sur le central 13. L'instinct de mort ressemble à un film ricain, mais dans le bon sens du terme : caméra mobile et ample, aux mouvements amibiteux. Malgré quelques effets un peu too much et une reconstitution sentant presque le toc (surtout dans la première demi-heure), Mesrine est un film à la carure de boxeur, inébranlable et difficilement contestable. Il paraît que la suite est meilleure, débarrassée des petits défauts qui parasitent L'instinct de mort. Le mois de novembre va être long...
7/10
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 26 octobre à 10:26
Tout a fait en accord avec vous, c'est un très bon film qui ferait oublier par moment que l'on ne nous raconte pas une histoire de plus, mais qu'un tel individu a bien existé, Vincent Cassel est formidable et si j'osais le dire, nous ferait revivre la vie de ce gangster, sans trop de noirceur, en nous faisant oublier que l'on n'est pas dans une fiction. Bien amicalement geo92