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Histoire, John Bonhomme et le commando des frites, chapitre premier

Publié le 26 octobre 2008 par Ariane_

- Johanna, enfin ! Mais relève ta canne à pêche !
Johanna, emmêlée dans ses robes, ses jupons et son pull de laine miroitant, laisse tomber la canne sous le poids du poisson. John, fort heureusement, s’agrippe à elle et sort de l’eau un goujon de quelques centimètres.
- Je préférerais que tu ais joué la comédie plutôt que non ! s’exclame John, outré. Enfin, comment veux tu devenir un vrai cow-boy et prendre ma relève si tu ne sais pas même pêcher un minuscule poisson ?
John, le long du soleil couchant, a un teint formidable: halé et doré à souhait. Son jean magnifiquement ceintré, se termine par des santiags finement ciselées et une chemise à carreau du plus bel effet.

- Très bien, dit John, nous allons te faire la vie dure. Pas de dîner ce soir.
Il sort alors de sa poche un papier jauni, sagement plié en quatre et pas du tout froissé : « John Bonhomme est convié le samedi dimanche 26 octobre à rejoindre le commando des frites pour une durée de huit chapitres. »
- Nous ne sommes que trop en retard ! Rejoignons vite ces magnifiques soldats !
John, Johanna et Capsoul s’éloignent, au triple galop.

∗∗∗


- Johanna, je sais bien que tu es un cow-boy comme moi, mais regarde, le lieutenant Bisber a la berlue, il te voit comme une fille et il faudra lui obéir. Tu iras peler les patates, comme toutes les femmes ici !
- Mais, dit Johanna, c’est injuste ! Je ne suis pas cuisinière !
- Mon enfant, s’exclame John, étant donné ta difficulté à capturer le poisson, mieux vaudrait que tu saches peler des patates. N’insiste pas, ma décision est prise.
A cet instant, un lieutenant aux multiples grades s’avance vers John, les sourcils froncés.
- Bonhomme, matricule 239848392, garde à vous !
- Enfin, répond John, je ne vois ici aucune source de danger, mais je vous remercie de vos manières.
- Il va falloir passer l’uniforme et assister à la réunion de 20h30. Une mission commando est prévue ce soir, et vous en serez !
- Ah, dit John, j’en suis fort aise. Merci !

∗∗∗


« Ah, quelle honte ! » s’exclame John en se regardant dans la glace. Avec son treillis éclaboussé de brun et de vert, il se sent d’un si mauvais goût qu’il aurait bien troqué l’horrible uniforme contre une toge, ou pire encore, une robe. « Comment peut-on s’habiller de la sorte ? » s’interroge-t-il tout en marchant en rang serré vers le lieu du rendez-vous.
- Garde à vous !
Cette fois, John suit l’ensemble des soldats dans leur mouvement. Il pense que cette danse étrange est bien absurde et ridicule, mais il n’en dit rien. Si ces hommes ont envoyé Johanna peler des patates, où l’enverraient-ils, lui, s’il ne montrait pas sa souplesse comme les autres ?
- Très chers soldats, s’exclame le commandant en chef dont le nom est sans importance puisqu’il va mourir pas plus tard que dans le premier chapitre, ce soir, nous infiltrons l’usine de Mac Donald. Une grave maladie sévit dans nos villes et nos campagnes. Le gouvernement pense que les frites industrielles en sont responsables. Pour en avoir le cœur net, l’usine sera fouillée de fond en comble, sans laisser trace, bien sûr, de votre présence. Garde à vous !

∗∗∗


« Cette usine ne vaut pas même mon uniforme, pense John, absolument épouvanté par la laide bâtisse qu’il contemple. » Quelquefois, pourtant, l’intérieur est bien joli, même si l’extérieur est en piteux état », se rappelle John en pensant à l’un de ses meilleurs amis qui ne valait sans doute ni l’uniforme, ni la bâtisse en terme d’esthétique.
Une odeur aigre et rance flotte dans les salles et dans d’immenses casseroles, un liquide verdâtre et transparent décante, à feu doux.
« ça, se dit John étonné, ce n’est pas de l’huile ».
Dans le silence de l’incognito, un craquement se fait soudain entendre. Les soldats se tournent à l’unanimité vers John Bonhomme qui s’excuse en chuchotant : « J’ai écrasé un escargot… Ce n’est rien. »
Les soldats, suivis de John, prennent un regard horrifié. Les yeux se baissent, et sur le sol, ce n’est pas un, mais des dizaines d’escargots qui grouillent.
« C’est donc ainsi que Mac Donald fait cuire ses frites… » murmure un jeune soldat, la bave aux lèvres.
- Repli ! Repli, chuchote à son tour le commandant.
John est outré : un tel secret révélé, et il faut s’enfuir ? Ne doit-on pas punir l’homme qui remplace l’huile par la bave d’escargot ? « Il faut agir », pense John.
Sitôt dit, sitôt fait, le voici seul derrière l’une des casseroles, puis dans d’obscurs couloirs où les pas craquent et glissent. « On m’a peut-être enlevé mon pistolet, pense John, mais j’ai au moins une mitraillette pour régler le compte à ce cher Mc Donald !"
Une porte dorée attire l’attention de John. Il respire. Ouvre.
- Ne bougez plus ! hurle-t-il en pointant son arme.
Dans la pièce, se tient une jeune fille dont la beauté est, pour John, ébahissement et béatitude. Une peau blanche et fine, des yeux bleus brillants, des cheveux noirs comme l’ébène, un léger sourire inquiet et rêveur sur les lèvres.
- Je… Je suis la fille de Mc Donald, articule-t-elle d’une voix d’airain.
« Je… Je vous aime, pense John. »


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