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Le poulet tueur et la folle honteuse de...

Par Sylvie
TENNESSEE WILLIAMS
ETATS-UNIS -Recueil de nouvelles
Le poulet tueur et la folle honteuse
Editions Robert Laffont "Pavillons poche"
Le célèbre dramaturge américain est aussi un excellent nouvelliste. Je vous avais fait découvrir il y a quelque le recueil Le boxeur manchot, une merveille de poésie aux accents véritablement tragiques. Ici, si l'on retrouve le goût de Williams pour les marginaux, le ton est davantage humoristique, ironique, voire franchement comique.
Il se moque tout particulièrement de la sexualité, des désirs refoulés des vieilles filles, des homosexuels non déclarés et de la vieillesse qui....ne veut pas vieillir. Sans vergogne, Williams décrit les frôlements du sexe masculin par la gente féminine. Retenons la nouvelle Dass Wasser is Kalt où une retraitée forcée est mise toute en émoi par des officiers italiens dans le train qui la mène à Naples. Dès lors, elle n'a de cesse de vouloir "voir et toucher" un sexe masculin...Elle se rappelle l'épisode scabreux de sa seule expérience sexuelle forcée dans le métro de Manhattan et se pouponne pour aller à la plage...mais l'arthrose est bien là...
Coup de chapeau également pour la nouvelle du même nom que le recueil où un boursicoteur quadra fait passer un jeune gay pour son fils pour le présenter à sa mère...Quant au jeune gay, il l'initie pour que la "folle honteuse" sorte de l'armoire !
Il y a aussi cette vierge de vingt qui, pour la première fois, à vingt ans, est horrifiée d'avoir ses premières règles...
Derrière cette ironie grinçante, on devine la cruauté de l'existence et la mort qui n'est jamais loin. En effet, la plupart des personnages de ces nouvelles sont saisis sur le tard et prennent conscience de tous leurs espoirs vaincus. Il est trop tard pour être aimé, trop tard pour être reconnu...On retiendra le portrait d'une poétesse reconnue dans le passé qui se fait virer de sa maison d'édition et de son café habituel, détrônée par les poètes de la Beat Generation. Où encore ces deux vieilles filles qui voit en New-York une ville de tombes éclairées dans une nécropole.
La vieillesse est souvent assimilée à la folie où à une sexualité débridée, inassouvie.
A certains moments, ces nouvelles sont franchement cruelles et tragiques. Williams met en relief la bêtise humaine lorsqu'une femme atteinte du pian lui dévorant le visage, est mise en quarantaine par le village et sa fille et finit sa vie dans la montagne parmi les oiseaux.
Un recueil vraiment différent du boxeur manchot, moins poétique, plus grinçant, qui montre toutes les facettes du talent de Williams.


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