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Une justice à deux vitesses ?

Publié le 31 octobre 2008 par Jarousseau

C'était Il y a trois ans. Poursuivis par la police Zyed Benna et Bouna Traoré mouraient électrocutés alors qu’ils se réfugiaient dans un transformateur de la ville de Clichy-sous-Bois. Un troisième jeune homme, Muhittin Altun, âgé aujourd ’hui de 20 ans, avait été grièvement brûlé. Ce drame avait été à l’origine de trois semaines d’émeutes et de violences dans les banlieues. Par peur simplement de la police, les trois adolescents avaient fui un contrôle et s’étaient réfugiés dans le transformateur. Muhittin était resté 50 jours hospitalisé.
Mais, aujourd’hui, justice n’est pas encore rendue aux familles des deux jeunes victimes, l’instruction perdure suite à la nomination d’un nouveau juge, ce qui fait douter certains qu’une décision intervienne un jour. A l'occasion de ce triste anniversaire, les associations AC-Le feu et Au-delà des murs voulaient ainsi rappeler la justice à son devoir. La lenteur de la procédure judiciaire est scandaleuse. Elle accrédite le fait d’une justice à deux vitesses qui semble jouer la montre dans une affaire pourtant tout à fait sensible.
En fait, la mort de Zyed et Bouna et les émeutes qui ont suivies, ont mis à jour les frustrations subies depuis des années par la jeunesse des quartiers populaires. Avec le ministre de l'Intérieur de l'époque dans le rôle du "pompier incendaire", l'embrassement généralisé était malheureusement écrit. Rappelons ici les paroles de Nicolas Sarkozy au lendemain de l’événement tragique, dans lesquelles il évoquait "la piste de la délinquance" et affirmait "que les policiers ne poursuivaient pas physiquement" les trois jeunes en question, niant ainsi l’évidence. Ces propos n’auront fait qu’amplifier la volonté de révolte des jeunes de Clichy-sous-Bois et, par effet de contagion, nombre d’autres quartiers de relégations.
Les grands médias ont finalement assez peu couverts cette date anniversaire, est-ce la crainte de raviver le douloureux souvenir de Zyed et Bouna, deux jeunes « morts pour rien » ? Il est aujourd'hui impératif que justice soit rendue. C'est une question de respect élémentaire à l'égard des familles, c'est un impératif pour restaurer un tant soi peu de confiance à l'égard de la justice. Cette confiance, nous en aurons bien besoin. De tels évènements, nous en connaîtrons probablement encore. La crise sociale actuelle, le creusement des inégalités, le sentiment désastreux que "rien n'a changé" sont autant de rancoeurs qui font craindre le pire.


Clichy: quand les familles réclament justice
envoyé par Mediapart

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