Magazine Culture

L'archéologie préventive menacée

Par Amaury Piedfer

L'archéologie préventive consiste à fouiller les vestiges archéologiques mis au jour lors de travaux publics ou privés (voierie, projets immobiliers, etc.), afin de sauver les données (prélèvements, relevés, photographies, etc.) et les matériaux avant la destruction du site. Le plus souvent, l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) prend en charge les travaux, l'étude des relevés et la publication des résultats, mais il existe aussi d'autres organismes, publics ou privés, qui peuvent intervenir. Représentant une contrainte pour les marchés de la construction, l'archéologie préventive est l'objet d'attaques d'hommes politiques peu scrupuleux, pour lesquels notre patrimoine et la compréhension du passé semblent valoir moins que les intérêts financiers.
“Depuis des années, quelques députés ou sénateurs nous ont habitué à se saisir d’un projet de loi pour mener des attaques en règle contre l’archéologie préventive. C’est la technique du “cavalier” législatif. Cette fois, c’est le projet de loi sur le logement qui sert de prétexte à un nouveau coup bas contre le patrimoine archéologique. A la manoeuvre se trouve Daniel Dubois, sénateur centriste de la Somme.
Sous un prétexte fallacieux ne reposant sur aucun fondement (l’organisation d’une opération préventive sur un site urbain de la période médiévale à Saint-Riquier, ville célébre pour son abbaye carolingienne), il a fait adopter, avec l’aide de l’UMP et de Christine Boutin, l’amendement suivant :
« Si dans les six mois qui suivent l’arrêté d’autorisation de fouilles sur des terrains destinés à la construction de logements sociaux, aucune opération de fouilles n’a été engagée, l’autorité administrative prononce le retrait de l’autorisation. »
Si cet amendement, dont la rédaction n’a aucun sens, devait être définitivement adopté, il s’agit d’un véritable détricotage de la loi… votée il y a quelques années par ces mêmes sénateurs.
C’est bien évidemment, à terme, la mort des fouilles archéologiques préventives puisque les lobbys demanderont probablement l’extension de cet amendement à l’ensemble des projets d’aménagement. En effet, tant les délais de mise en oeuvre de ces opérations que le manque d’effectifs à la hauteur des besoins, sont les causes de délais bien souvent supérieurs à six mois. Il suffirait d’ailleurs qu’un aménageur omette de lancer un appel d’offres pour que les délais soient de fait dépassés !”
Source : SUD Culture via Terres santo-pictonnes.
Arthur L.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Amaury Piedfer 250 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines