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La presse d'information traverse une crise profonde et fondamentale de valeur

Publié le 03 novembre 2008 par Jérémy Dumont

La presse d'information traverse une crise profonde et fondamentale de valeur

L'info comme commodité. Le clônage comme logique. La disparition de valeur comme résultat. (source: Grzegorz Piechota via le blog de Juan Antonio Guiner )

Alors qu'en France, le gouvernement va lancer les "états généraux de la presse" en Octobre, il me semble important d'aborder le problème fondamental (en tout cas selon moi) de la valeur de l'information dans les médias du même nom. Voilà des mois, pour ne pas dire plus, que j'essaye d'écrire ce post. Cette fois, je me jette à l'eau tout en m'excusant par avance des imperfections et sans doute du manque de structure de ma réflexion qui s'appuie essentiellement sur le travail de l'Américain Robert Picard. Je compte sincérement sur vous pour commenter, annoter, suggérer, proposer, débattre, organiser... sur ce sujet.

Tout n'a pas une valeur en soit. Souvent la valeur que nous donnons aux produits, aux services, aux idées, même aux personnes... est relative à nos centres d'intérêt, nos besoins, le moment, nos conceptions philosophiques, religieuses et politiques, etc. L'information n'échappe pas à cette logique.

Sans rentrer dans un débat philosophique, je suis de ceux qui pensent que l'info a peu de valeur en soit. J'ai la conviction, comme Robert Picard, que la valeur de l'information repose sur ce qu'on en fait (valeur d'usage). Et je crois que c'est vrai pour la grande majorité des acteurs du monde des médias: le lecteur/consommateur, l'annonceur, l'investisseur et la société/le citoyen. Picard écrit : "It is important to understand that the content provided by journalism is not valued for itself by consumers, but that its value emanates from its utility as a mechanism to achieve states and things outside the news and information itself."

L'exception vient du dernier acteur de ce monde des médias : les journalistes. Par héritage et conviction, ils pensent souvent, à tord ou à raison, que l'information a de la valeur en soit. Et Picard de dire : "Il y a une tendance qui consiste à penser que le journalisme est bon, qu'il a de la valeur. Cette conception des choses laisse perplexe. Comment comprendre alors pourquoi un grand nombre de consommateurs ne voient pas cette valeur. Harmon explique qu'il est important de faire la distinction entre quelque chose de bon et quelque chose qui a de la valeur."

Aussi, on n'aborde pas l'économie des médias de la même façon, selon que l'on pense que l'info a de la valeur en soit ou que la valeur vient de ce que l'on fait de l'info. Dans le premier cas, on produit des médias "journalist centric" dans le deuxième on propose des médias "consumer centric". Depuis toujours, les médias d'information ont été avant tout "journalist centric". Ils le restent très majoritairement aujourd'hui. Et c'est sans doute une des sources fondamentale de la crise qu'ils traversent. "In the new environment, news organizations must become much more customer friendly and have a greater degree of intimacy with their viewers, listeners, and readers than the arms-length approach taken by many in years past. Most news organizations have the same value proposition, but to survive and prosper in the contemporary media environment they will need to develop unique value propositions that separate them from other providers of news and information. Standardization and imitation reduce value of a product", insiste Picard.

Les journalistes sont sur le registre de l'information pour l'intérêt général. Les individus ont besoin d'information pour répondre à leurs questions, trouver du sens, comprendre leur environnement… et sont motivés par des milliers de motifs et de raisons tous plus différents les uns des autres.

Dans une situation de monopole, point trop besoin de démontrer de la valeur. Dans une situation de compétition, c'est une autre histoire. Internet a fait s'écrouler les barrières de la diffusion de l'information et, dans un même temps, le monopole d'informer. Je souris quand je lis que le Président français s'inquiète de la petitesse du réseau de distribution des journaux en France. Mais qui a encore besoin d'un réseau physique à l'heure de la numérisation complète de l'info ? Est-ce la bataille à mener pour le futur des médias ? Rien n'est moins sûr. On n'a jamais autant produit et diffusé d'information qu'aujourd'hui. Par exemple, selon une étude de l'Université de Californie, les médias américains produisent chaque année + 30% d'info. Les chiffres donnent le vertige : "320 million hours of radio broadcasting and 123 million hours of television broadcasting".

Cette confirmation d'une information porteuse de valeur intrinsèque pour les journalistes, on la retrouve dans la guéguerre bloggers versus journalistes. L'argument principal de ces derniers : les bloggers ne font que commenter des infos que les journalistes ont collecté. Sur la forme, ils n'ont souvent pas tord. Mais c'est au fond qu'il faut s'intéresser. Le commentaire, l'opinion, l'analyse, la mise en perspective... c'est de la valeur qu'apportent certains bloggers à une information brute qui n'en a pas ou peu en soit.

Réformer les médias pour les sortir de la crise profonde dans laquelle ils se trouvent, c'est comprendre que le monopole de l'information est en train d'échapper aux marques médias. Et surtout, que la valeur de l'information proposée par les médias est de moins en moins perçue par les consommateurs. Et qui ne perçoit pas de la valeur dans un produit/service ne paye pas pour, ou paye moins (valeur d'échange).


Qu'est-ce qui crée de la valeur (sans ordre hiérarchique) et peut aider à offrir une "value proposition" unique :
- l'explication derrière les faits
- la mise en perspective de l'information
- la contextualisation de l'information
- l'apport de solutions
- la confiance (mais elle est plus facile à donner à un individu qu'à une organisation)
- la rareté
- la possibilité de faciliter l'interaction sociale
- le sentiment d'appartenance a un groupe social
- l'apport d'émotions
- le fait de faire rendre des comptes a ceux qui gouvernent et dirigent
- l'échange/conversation
- la facilité d'utilisation
- la spécialisation

La suite de l'article ici

Jeff MIGNON

Posté par: Loïc LAMY
Posté sur: le vide poches / médias
Source: mediachroniques


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