
Dans la La serveuse était nouvelle (paru chez Fayard et rééditée aux Editions Pocket), Dominique Fabre fait l'éloge du Café et ancre son histoire dans un Zinc près de la gare d'Asnières. Son narrateur y conte sa vie de vieux garçon de café; et la vie au quotidien dans ce troquet qu'il observe et qu'il aime. Les étudiants, le jeune homme qui lit Primo Lévi, les piliers de bar, la jeune femme au regard agard, Amadée, son copain, le cuisinier... Et la nouvelle serveuse qui arrive au milieu d'une crise conjugale des deux patrons...
Dans l'écriture de Dominique Fabre, il y a de l'empathie, de la tendresse pour son narrateur Pierre et pour les gens.
On pourrait être désolé de cette existence à priori vide, solitaire et pourtant Pierre aime tellement son travail et le fait avec une telle générosité, que cela nous emplit le coeur lorsqu'il raconte sa vie difficile mais avec une telle lucidité et paix qu'on ne peut que compatir et admirer. La serveuse était nouvelle c'est un petit ovni, une écriture juste, sobre et humaine, une atmosphère de confidence qui nous donne envie de l'entendre conter par une voix de théâtre.
Si vous voulez prolonger votre lecture dans cet univers, lisez Sur le Zinc, au café avec les écrivains (réédité dans la collection 2 euros chez Folio) qui regroupe une petite sélection d'extraits d'auteurs qui ont écrit sur ce thème. Plaisir de découvrir ou de rédécouvrir des passages de textes classiques (le café des aveugles de Gérard de Nerval, Le cabaret vert d'Arthur Rimbaud) ou plus contemporains (les fleurs bleues de Raymond Queneau, La grasse matinée de Prévert...) à vous de choisir en fonction de votre humeur du jour...
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Et dans un tout autre style mais indispensable pour tous les amoureux des troquets: Pocket vient de rééditer Brèves de comptoir, l'anniversaire de Jean-Marie Gourio qui regroupe dans ce recueil les meilleures brèves de comptoir qu'il a recensé depuis vingt ans.
Pour le plaisir, voici quelques extraits truculents : "au Chiquito: De toute façon, tant que c'est des bonnes femmes chez les féministes, ça ne marchera jamais" ou encore celle entendue au café le Progrès : "L'argent que l'alcool rapporte à l'Etat c'est énorme; moi cette année, rien qu'en picolant, j'ai payé l'impôt sur la fortune!" et une petite dernière pour la route: "chez Josette: quand tu roules vite, tu es moins dangereux puisque tu es moins longtemps sur la route." Je vous laisse méditer sur ces pensées hautement philosophiques...!