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Mister President

Publié le 05 novembre 2008 par Cafatica
Mister PresidentUne victoire historique.
Les Américains ont choisi, et ils ont été clairs : ils ont besoin de changement, de tourner une page, démontrant une nouvelle fois que l'Amérique est une grande nation résolument tournée vers l'avenir, plus apte que n'importe quelle autre à évoluer et changer de cap lorsque cela est nécessaire.
Novembre 2008. 45 ans après le discours "I have a dream" de Martin Luther King, les Etats-Unis viennent d'élire le premier président métis de leur histoire. Jour historique.
Barack Obama, 47 ans, vient d'être élu à la Maison-Blanche, remportant une victoire historique grâce à la promesse de changement qu'il a portée tout au long de sa campagne dans un pays avide de renouveau. Obama a mené une campagne quasiment sans accroc et a su montrer qu'il savait garder la tête froide face aux attaques de l'adversaire et pendant les trois débats qui l'ont opposé au républicain John McCain.
"Il a fallu beaucou de temps mais ce soir, grâce à ce que nous avons accompli aujourd'hui, à cet instant précis, le changement est arrivé en Amérique" a déclaré le sénateur de l'Illinois après sa victoire devant ses partisans en liesse à Chicago.
Crise financière, économie menacée de récession, conflits difficiles notamment en Iraq : Barack Obama s'est présenté à l'élection présidentielle dans des circontances  favorables à un candidat opposé au parti sortant dont le bilan est sévère.
Le candidat démocrate a su également convaincre la classe moyenne, bien que John McCain l'ait présenté tout au long de la campagne comme un élitiste et un libéral. Il a pu aussi s'appuyer sur un véritable "trésor de guerre" pour inonder les télévisions de spots publicitaires, qui ont fait de lui une véritable icône.
"Il a mené une campagne parfaite, pratiquement sans faire de gaffe (mais son colisitier Joe Biden en a fait pour lui !), et il s'est concentré sur un message parfaitement ciblé" analyse la démocrate Liz Chadderdon, spécialiste en stratégie politique.
Mister PresidentUn contexte défavorable pour John McCain
L'impopularité record du président George W Bush a constitué un lourd handicap pour John McCain. Bien que les violences aient sensiblement diminué en Iraq, et que l'administration Bush ait réagi rapidement face à la crise financière , l'Amérique était prête à tourner la page.
"Obama a simplement martelé cette idée que nous ne pouvions tout simplement pas tolérer quatre années supplémentaires" souligne le stratège démocrate Jim Duffy.
McCain, âgé de 72 ans, s'en est aussi bien sorti qu'un républicain pouvait le faire dans des circonstances aussi défavorables, mais n'a pas pu s'imposer dans les Etats décisifs.
"Nous nous sommes battus aussi fort que nous le pouvions, et bien que nous ayons perdu, cet échec est le mien, pas le votre", a déclaré John McCain à ses partisans dans un hôtel de Phoenix. "J'aurais aimé que le résultat soit différent, mes amis. La route était difficile depuis le début".
Juste après la convention de son parti, début septembre, McCain était donné en tête dans certains sondages nationaux mais Wall Street a ensuite sombré dans la débâcle, laissant apparaître au grand jour les failles de l'économie ultra libérale américaine. Les propositions du candidat républicain pour y remédier n'ont pas semblé aussi solides que celles d'Obama, et il l'a payé cher.
Par ailleurs, certains critiqueront la décision de John McCain d'avoir choisi comme colisitière la gouverneure de l'Alaska, Sarah Palin. Les révélations de la presse sur cette ultra conservatrice jusque là inconnue du grand public ont occupé l'espace médiatique pendant des semaines, et certains conservateurs modérés estiment que John McCain a fait un mauvais choix en choisissant Sarah Palin.
Réactions dans le monde
Nicolas Sarkozy : La "victoire brillante" à l'élection présidentielle américaine de Barack Obama suscite un "immense espoir". Les Américains ont fait "le choix du changement, de l'ouverture et de l'optimisme", écrit le président dans un communiqué. "Alors que le monde est dans la tourmente et qu'il doute, le peuple américain, fidèle à ses valeurs qui font depuis toujours l'identité même de l'Amérique, a exprimé avec force sa foi dans le progrès et dans l'avenir".  
Rama Yade : "L'Amérique d'aujourd'hui, de 2008, n'est pas la même qu'avant. Nous assistons à la fin d'un monde et au début d'un autre, plein de promesses".

Patrick Devedjian : "Les Américains ont aujourd'hui élu le rêve américain. En quelques heures, les Etats-Unis sont redevenus aux yeux du monde ce qu'ils ont commencé d'être au jour de leur création : le pays de la jeunesse et de l'égalité, la nation de tous les possibles, un modèle pour les peuples démocratiques et ceux qui aspirent à le devenir".

Le Vatican espère que le président élu répondra "aux attentes de paix et de justice" dans le monde.

José Manuel Baroso, président de la Commission Européenne, félicite Barack Obama pour son élection à la Maison-Blanche, et espère que sous sa direction, les Etats-Unis s'allieront à l'Europe pour "mener le monde vers un new deal".

Gordon Brown  félicite Barack Obama et salue ses "valeurs progressistes et sa vision pour l'avenir".

Angela Merkel  félicite Barack Obama pour sa victoire "historique", affirmant dans un communiqué son attachement au partenariat avec les Etats-Unis. 
Hu Jintao, président chinois, indique vouloir élever les relations entre la Chine et les Etats-Unis à un nouveau niveau : "Dans cette nouvelle période historique, j'espère, grâce à nos efforts communs, (...) renforcer sans cesse le dialogue, les échanges bilatéraux, la confiance et la coopération mutuelles, et porter la relation constructive entre la Chine et les Etats-Unis à un nouveau niveau".

Le gouvernement Irakien exprime un "sincère désir" de coopérer avec le président élu Barack Obama dans l'intérêt des deux pays.

Hamid Karzaï, président Afghan, a affirmé que la victoire de Barack Obama allait faire entrer le monde dans "une nouvelle ère".
Le programme de Barack Obama

Mister PresidentLa crise financière :
"Pas seulement une crise financière, mais une crise américaine". Le sénateur de l'Illinois a voté le plan Paulson de 700 milliards de dollars. Mais il avait auparavant posé 5 conditions : pas de parachutes dorés pour les PDG de Wall Street responsables ; promesse aux contribuables qu'on les remboursera quand la crise sera terminée ; création d'une commission pour surveiller l'utilisation des 700 milliards ; aide aux millions de familles victimes de la crise de l'immobilier ; assurance que le plan ne servira pas des intérêts particuliers. Même s'il n'a pas été entièrement satisfait, il a voté oui en raison de la gravité de la crise. 
L'Irak :
Un opposant de la première heure. Dés le début, Obama s'est prononcé contre la guerre. Il est contre l'envoi de troupes supplémentaires, même s'il n'a refusé qu'une fois (2007) de voter des dépenses militaires. Barack Obama promet un retrait des troupes américaines d'Irak étalé sur 16 mois. Mais il s'est toujours montré prudent sur ce point. Il se réserve par exemple le droit de mener une nouvelle action sur place si Al Qaida y installe une base.
Le conflit israelo palestinien :
Lors de sa visite en Israël en juillet, Barack Obama a rappelé le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à l'Etat Hébreu. Il a pris fermement position contre le Hamas, mais a aussi rencontré le président de l'autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas. Sur la question de Jérusalem, Obama estime qu'elle doit être la capitale d'Israël.
La politique économique :
Pour doper la croissance, Obama souhaite engager un vaste programme d'infrastructures publiques d'environ 50 milliards de dollars. En matière de fiscalité, il veut annuler les baisses d'impôts que George Bush a accordées aux plus riches. Il souhaite aussi doubler le taux de l'impôt sur le capital, et favoriser les classes moyennes en difficulté. Barack Obama veut taxer les délocalisations et introduire une clause environnementale dans les accords de libre-échange . Son objectif est le rétablissement des finances publiques grâce à la suppression des baisses d'impôts.
Le système de santé :
L'accès aux soins pour tous. Barack Obama souhaite instaurer un système de couverture santé universelle. Pour financer cet ambitieux projet : la suppression des baisses d'impôts que George Bush avait accordées aux ménages les plus aisés. Dans un premier temps, il veut obliger tous les parents à souscrire à une assurance santé pour leurs enfants. Barack Obama promet aussi d'obliger les entreprises d'une certaine taille à offrir une assurance santé à tous leurs salariés. Les assurances ne pourront plus refuser de contrats aux personnes fragiles, ou les faire payer plus cher.
La crise de l'énergie 
D'abord opposé au développement des forages pétroliers en mer, Obama a infléchi sa position. En revanche il est ferme sur la préservation de l'ANWR, le sanctuaire de l'Alaska. Barack Obama souhaite aussi taxer les compagnies pétrolières quand elles font des profits exceptionnels grâce à l'envolée des cours. Pas question pour lui de baisser les taxes sur les carburants. Eventuellement, il est prêt à puiser dans de gigantesques réserves stratégiques dont disposent les Etats-Unis pour faire face à une crise temporaire.
L'environnement
Dans la lignée d'Al Gore, le parti démocrate est particulièrement sensibilisé aux questions d'environnement. Barack Obama compte ainsi faire de son pays un leader mondial dans les efforts de lutte contre le réchauffement climatique. Son plan sur 10 ans prévoit un investissement de 150 milliards de dollars dans les énergies renouvelables, qu'il compte financer grâce à une taxe sur "le droit de polluer". Il compte ainsi réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 1990, d'ici 2050. Il souhaite également promouvoir les biocarburants .
L'Iran
Barack Obama est persuadé qu'un contact direct avec Téhéran donnera plus de crédibilité aux Etats-Unis vis-à-vis de la communauté internationale s'il faut renforcer les sanctions. L'objectif prioritaire reste l'arrêt du programme nucléaire iranien. Obama souhaite intensifier la pression diplomatique pour y parvenir, avant qu'Israël n'entreprenne une action militaire unilatérale contre la république islamique.
L'avortement
Sur ce débat considéré comme "très important" dans la campagne pour 39% des Américains, Barack Obama se situe dans la lignée de son parti. Il est "pro choice", c'est-à-dire favorable au droit à l'avortement, sauf au delà d'un seuil limite de grossesse (comme chez nous).
La peine de mort
Le parti démocrate est divisé sur cette question. Barack Obama est favorable à la peine de mort pour les crimes les plus extrêmes. "Je crois que certains crimes (les exécutions massives, le viol ou le meurtre d'un enfant) sont si haïssables que la communauté est justifiée à exprimer la pleine mesure de l'outrage en appliquant la punition ultime" a-t-il déclaré cet été, après l'annulation par la Cour Suprême de la condamnation capitale du violeur d'une petite fille. Il a néanmoins légiféré dans son Etat, l'Illinois, pour l'enregistrement vidéo des interrogatoires et des aveux afin de limiter les erreurs judiciaires.
Les armes à feu
Comme son colisitier Joe Biden, Barack Obama souhaite un contrôle renforcé de la vente des armes à feu. Mais le sujet est sensible aux Etats-Unis : la NRA, le lobby des armes à feu, est extrêmement puissant, et politiquement, il est préférable de ne pas trop se la mettre à dos. Barack Obama plaide simplement pour que "tout soit fait" pour éradiquer les violences liées aux armes (notamment les tueries dans les universités). Il aimerait que la législation californienne, qui facilite l'identification des balles tirées lors de crimes, soit généralisée.
Mister President
God bless America.

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