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Le spectacle est dans la salle !

Publié le 07 novembre 2008 par Myriam

Quelques années en arrière, et je vous aurais présenté ce tableau "La Loge" (1874) de Pierre-Auguste Renoir, complètement différemment. Renoir_la_loge_1874 Il a fait parti des toiles qui ont été présentées à la première exposition d'art impressionniste en avril 1874. Et récemment, en ce début d'année, il vient d'être mis à l'honneur par la Galerie Courtault (située à Londres) à l'occasion d'une exposition sur "Renoir au théâtre : regard sur "La loge".

Je vous aurais parlé du rendu particulièrement réussi de la robe de la femme (certainement une robe à la polonaise, qui a eu son heure de gloire au XVIIIème siècle, et qui est remise au goût du jour à la fin du XIXème siècle), vaporeuse à souhait ; de la beauté particulière avec laquelle a été rendue le décolleté (quelques roses brodées le souligne) ainsi que le collier de perles nacrées (et les boucles d'oreilles en diamant) ; du velouté de la chair (la peau du visage féminin est diaphane et même celle de l'homme en arrière plan paraît très douce) ; de la sobriété en contraste du vêtement masculin (gilet, chemise blanche, costume noir) ; et enfin, de la composition très étudiée avec l'alternance de noir et de blanc, rehaussée de quelques touches de couleur (roses, or et noir), qui accentue les contrastes et donne un effet de perspective (roses à la taille et dans les cheveux de la femme, bracelet, jumelles et boutons de manchettes en or, éventail et jumelles noirs).

Et je n'aurais pas mis l'accent sur le cadrage resserré comme si nous avions pris une photographie (c'est le début de la photographie) en zoomant, en particulier, sur cette loge (voir le cadrage bien plus élargi avec Manet dans "Le Balcon", 1868-1869). Je n'aurais pas parlé de ce jeu de regards complexe, de cette caméra subjective qui entraine le spectateur, au delà du tableau, dans la salle de spectacle : un instant, nous sommes des voyeurs, et nous accompagnons l'homme dans sa recherche, avec ses jumelles, peut être d'une autre femme, alors que sa compagne, élégamment parée, les yeux perdus dans le flou, a laissé tombé jumelles et éventail se révélant ainsi à ses admirateurs dans le théâtre.

"Espace privé tout en étant public, la loge de théâtre est devenue, après le tableau de Renoir, un lieu permettant aux peintres de représenter l'excitation et l'évolution de la mode dans la société parisienne qui découvrait les premiers Grands magasins."

A titre de comparaison, et pour compléter l'approche, deux tableaux de Mary Cassatt, à peu près peints à la même époque : "Dans la loge" (1878), une femme, toute de noire vêtue, est en train d'observer discrètement la salle avec ses jumelles tandis qu'elle est, elle-même, observée à la jumelle par un homme depuis une autre loge et "Femme avec un collier de perles dans une loge" (1879) où la femme apparemment tourne le dos à la salle.


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