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Le poids des discours

Publié le 07 novembre 2008 par Jcgbb

A quoi renvoie le discours ? Dans un dictionnaire sans illustration chaque entrée en indique d’autres, indéfiniment, circulairement. On dirait que les réalités sont toujours absentes. Tout discours, en tant que tel, serait-il creux ?

Les choses n’ont pas besoin des mots pour exister, ni les mots des choses pour se multiplier. Aussi certains se paient-ils de mots, quand d’autres s’absorbent dans les choses. Mais dans un cas le discours est vide et dans l’autre, l’esprit. Fantaisie à part, les mots servent à penser les choses.

Souvent, en parlant et en écrivant, l’injustice, l’emportement, la politique ne sont que des mots en l’air. C’est qu’ils ne se posent pas sur une situation pour la faire percevoir comme elle est, par exemple pour me faire reconnaître le désir ou la colère qui m’emporte à tel instant, ou me faire constater en la nommant l’injustice que je suis en train de commettre.

Si les mots restent des mots, la faute n’en est pas au discours, mais au jugement. On appelle ainsi la capacité à discerner le général dans le particulier, dont le contraire est la sottise. Encore des mots… qui servent pourtant à aller aux choses, par exemple à se dire emporté quand on l’est, injuste quand on l’est, ou à “voir” dans un calcul l’identité remarquable qui s’y applique.

Quand le mot qualifie correctement la chose, il est juste ; impropre dans le cas contraire, c’est-à-dire inadapté. Cette convenance, quand elle se produit, est l’oeuvre du jugement, qui met en rapport le mot et la chose. C’est par là que le discours a du poids et de l’épaisseur.


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