Empire USA : la vision de l'Amérique de Desberg

Difficile de passer à côté de ce sujet. Les élections américaines ont bien eu lieu et le candidat démocrate Barack Obama l’a emporté. C’est un pari contraire qu’a – semble-t-il – pris Stephen Desberg dans son feuilleton Empire USA Le pitch tient en quelques idées simples tirées de l’histoire américaine et – il faut bien le dire – assez caricaturées.

Une bombe chimique ferait 300.000 morts à Los Angeles. L’insécurité serait telle que le Sénat et le gouvernement interrompraient le processus électoral et transformeraient la démocratie américaine en un empire régi par la loi divine pour lutter contre le terrorisme. En fait, tout ceci est une énorme machination ourdie par la Droite la plus radicale qui manipule en sous main les Ashashins, des terroristes tout aussi extrémistes pour conserver le pouvoir. Un agent secret américain Jared Gail a eu vent de cette menace et possède les moyens théoriques de l’empêcher, mais il est davantage préoccupé sur son existence au point de vouloir mettre fin à ses jours… A la fin de la lecture du T4 qui vient de sortir, le premier sentiment est d’enfin progresser dans l’intrigue qui semblait se répéter dans les épisodes précédents, phénomène encore accentué par la répétition du résumé dessiné de la même histoire. Le lecteur peut sans doute comprendre que ce soit une manière de faire le joint entre les cinq dessinateurs réalistes contemporains Griffo, Mounier, Juszezak, Koller et Reculé qui se succèdent sur les mêmes décors et personnages ; il risque d'avoir quand même un sentiment de frustration devant le nombre de planches semblables, juste interprétées différemment par chaque dessinateur. L’histoire alterne – comme dans Black Op du même scénariste – les scènes de flash back dont une remontant à la mort de Jésus-Christ… A vouloir s’intéresser aux personnages y compris secondaires, on se perd dans des scènes voulues comme réalistes – comme l’agent en proie à ses difficultés de mère seule – en contraste avec le « socle scénaristique ». Mais à force de répétition, cela fonctionne. C’est énervant – une fois commencé la série, on a envie de comprendre où on nous mène. Sans être exceptionnels, les dessins sont cohérents et efficaces. Dans le T3, on reconnaîtra un Alexandre de Dantès avec d’ailleurs une pub pour la série sur le taxi! Les couleurs numériques de Denoulet sont plus réussies dans le T4 que les tomes précédents qu’il supervise pourtant.
L’idée du feuilleton BD à l’américaine n’est pas choquante. Il ne faudrait toutefois pas que le concept l’emporte sur le plaisir de la lecture. Mon dernier mot interviendra à la fin du 6e épisode.