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Titre à une voix

Publié le 09 novembre 2008 par Menear
melliphage.jpgJe ne cesse de répéter dans ce carnet de bord que je ne suis pas un bon donneur de titres. J'en suis rarement satisfait ; je les attrape au vol et les fixe dans la foulée par pure haine de voir un fichier anonyme, un dossier-point-d'interrogation. Alors je trouve des titres provisoires, rarement fameux, et à force d'habitude, de provisoires ils passent définitifs. Pire encore pour les titres reliés au recueil-à-venir sur Careysall, forcés de se limiter à un mot, ce qui entrave bien évidemment toute marge de manœuvre. Je travaille depuis jeudi sur un nouveau texte court censé figurer dans Careysall. Je lui donne aujourd'hui le titre suivant : Melliphage, peut-être provisoire, peut-être pas.
Melliphage naît de deux choses, outre la volonté de poursuivre la fragmentation de l'univers Careysall : ma lecture actuelle de Paradiso de José Lezama Lima et ce bout de zapping daté du 6 aperçu ces jours-ci ; on pouvait y voir les bras d'un homme dévorés par des verrues tropicales, gonflées sur sa peau comme des écailles, élargies au bout des doigts comme des racines. Bluffant et beau à la fois. Je l'ai intégré à Melliphage en cours de route et ne le regrette pas.
Comme tous les fragments issus de Careysall (à ce jour : Ochracé, Scapulaire et Sablier dont il pourrait constituer la suite possible), Melliphage développe (poursuit) l'idée d'une obsession du temps fragmenté, découpé, modulé. Je m'en suis rendu compte après coup, ce n'était pas volontaire, mais la corrélation existe. Le temps est étendu dans Sablier, claustrophobique, ralenti ; il est coupé dans Ochracé pour permettre les instants précipités ; il est mer d'huile dans Scapulaire où le passé se superpose au présent, suivant le rythme des pas de Sarl. Melliphage poursuit cette drôle de destruction temporelle ciblée tout en déclinant une idée déjà utilisée pour Perf via le concours JE (texte lauréat du dit concours et qui, soit dit en passant, a été très récemment lu et enregistré en studio par Eva-Li pour le site du Scriptocrate Avisé, suivre le lien pour y voir plus clair). A voir ; pour l'instant je nage surtout en terre inconnue.
Careysall, ville du temps mort ou déplacé, ce n'était pas spécifiquement recherché, la coïncidence est venue d'elle-même, je la remarque en traçant ces dernières pages. Mais c'est évident à présent : c'est aussi la ville de Cette mort (exemple de titre mauvais, non-définitif, que je ne parviens pas à chasser, même si d'autres bien meilleurs se sont précipités depuis) dont la narratrice souffre de la maladie de la mémoire. C'est aussi cette ville au temps rythmé par les jours de soufre et les jours de suie ; le vent coloré par ce qu'il porte et qui tartine sans vergogne les façades des immeubles jusqu'au centre-ville.
Mais le titre est foutu, je le sais déjà, il a pris place dans ma tête, il a colonisé mon perfectionnisme lacunaire. Alors Melliphage ce sera ; cinq pages à peines, une dizaine de milliers de signes, sans doute l'un des textes anecdotiques du recueil-à-venir-sauf-qu'on-sait-pas-quand. Melliphage : la toute première phrase commence par alors, c'est une accroche (réitérée) qui me plaît bien.

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