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L’Arctique au centre des attentions de l’Union Européenne

Publié le 10 novembre 2008 par Hmoreigne

images.1226309936.jpgA l’initiative de la présidence française de l’UE, Monaco accueille les 9 et 10 novembre une conférence internationale sur l’Arctique. Officiellement au titre de la protection d’un environnement exceptionnel. Officieusement parce que l’Europe ne peut rester à l’écart d’une course à l’appropriation d’une région qui renferme de très grandes richesses naturelles.

Malheur aux régions riches. Si rien n’est fait, l’Arctique semble condamnée à subir, à l’image de l’Afrique, le pillage de ses ressources et au passage le saccage de son écosystème. Hier zone gelée à seul aspect géostratégique militaire la région Arctique, sous l’effet du réchauffement climatique et de la fonte de la banquise, suscite de forts appétits. Les ressources naturelles exceptionnelles qu’elle recèle (le quart des réserves mondiales non encore découvertes d’hydrocarbures mais aussi d’importants gisements de minerais) sont désormais à portée de main.

Sur les huit états arctiques, le Canada et la Russie notamment, ne cachent pas leurs intentions d’exercer leur souveraineté sur de grandes zones et à procéder rapidement à une exploitation des ressources en s’exonérant des conséquences sur l’environnement. Les menaces sur ce dernier sont renforcées par la diminution de la dangerosité des routes maritimes (passage Nord-Ouest, RMN, Pont arctique), liée à la fonte de la banquise.

Dans ce contexte, un constat est partagé : l’Arctique fond. La banquise permanente de l’océan Arctique est en constante régression. D’ici 20 ans, la banquise permanente devrait avoir disparu. Selon des chercheurs américains la calotte glacière arctique continuera à se réduire de 40 à 50% d’ici 2100. En terme de stratégie militaire, la Russie dont les base navales sont restreintes ou menacées (Sébastopol) voit dans cette zone un intérêt particulier.

Contrairement à l’Antarctique, l’Océan Arctique n’est pas régi par un traité spécifique. La convention des Nations-Unies de Montego Bay de 1982 n’a pas mis un terme aux contentieux notamment sur le statut des détroits et le partage des zones à fort potentiel énergétique. En 1996 a été créé le Conseil de l’Arctique qui constitue un forum de coopération regroupant les huit états arctiques (USA, Canada, Russie, Finlande, Suède, Islande, Norvège et Danemark) et trois pays observateurs (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Pologne). L’Union Européenne n’y est donc pas représentée en tant que telle mais, elle compte des états membres dans cette structure.

Elle ne peut, en tout état de cause, être absente économiquement et politiquement de cette région. La sécurité de ses approvisionnements énergétiques passe par un resserrement des liens avec la Russie, condition sine qua non pour être moins dépendante du pétrole du Moyen-Orient. Tout l’enjeu pour l’UE est d’acquérir à court terme le statut d’acteur stratégique dans le Grand Nord.

La conférence de Monaco vise d’abord à dresser un état des lieux de la recherche environnementale en Arctique. Elle est portée dans le cadre de sa présidence de l’UE par la France, très active en matière de recherche en milieu polaire avec l’Institut Paul Emile Victor et la principauté de Monaco, qui porte un intérêt particulier aux questions polaires.Elle vise également de sensibiliser l’opinion publique sur l’urgence à agir pour protéger l’Arctique des dommages causés par la dégradation de l’environnement.

La protection de l’environnement dans des écosystèmes aussi fragiles passe par la mise en place d’un cadre juridique pour lutter contre les risques de pollution, résultant de l’exploitation des hydrocarbures.Le Parlement européen s’est prononcé en octobre pour l’adoption d’un traité international pour protéger l’Arctique, selon une résolution défendue par l’ancien Premier ministre socialiste français Michel Rocard. Les députés français ont également adopté en octobre une disposition introduisant la protection de l’océan arctique dans le projet de loi relatif au Grenelle de l’environnement.

« Il est essentiel de donner un statut juridique à l’Arctique, qui fait partie des biens communs universels. Il y a des enjeux colossaux, géostratégiques et de biodiversité qui se jouent » a pour sa part déclaré à l’AFP Nicolas Hulot.

Suite à cette conférence, la région arctique doit faire l’objet d’une communication de la Commission européenne à la fin de l’année 2008.


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