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Train de nuit

Par Alain Bagnoud
  Train de nuit, par Julien Mudry
Le nombre de couleuvres qu'il nous faut avaler.
Enfin, je m'en suis sorti. Je suis parti. Encore un peu sali mais ça glisse.
J'ai repris le train de nuit pour rentrer chez moi. Le dernier train, un vendredi soir. Les gens descendent dans les grandes villes, d'autres montent. Des bandes de minettes court vêtues et multi-culturelles. Asiatiques, noires, arabes, métisses. Avec des minijupes, des collants noirs, des bijoux en toc et du maquillage.
Les voyageurs plus âgés somnolent, mains croisées, ou s'isolent en écoutant de la musique à travers des écouteurs blancs. Un couple d'amoureux est imbriqué dans la fatigue et la tendresse. Appuyés l'un sur l'autre. Tête sur l'épaule, bras autour du cou. Ils parlent avec cette voix traînante, un peu rocailleuse, qu'on a juste avant de s'endormir.
De l'autre côté du wagon, deux ou trois jeunes. Jeans taille basse, casquettes, t-shirts provocateurs et chaînes. Ils sont très visibles, parlent en faisant résonner les p et les b comme les rappeurs qui passent à la télé.
Une rangée de néons ininterrompus coupe la voûte blanche du plafond. Le sol est en linoléum gris. Dans les fenêtres, le reflet atténué de ce que nous sommes, avec parfois une rangée de lumières oranges qui crèvent la nuit derrière.
Ce que nous sommes ? Il semble, à cette minute, que ça ne soit pas grand chose.

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