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La bete a chagrin

Publié le 28 juillet 2007 par Lorraine De Chezlo
LA BETE A CHAGRIN
de Paule ConstantRoman - décembre 2006Editions Gallimard - 225 pages
Une femme est entendue par les juges, une femme perdue, qui a vécu un drame. Des drames. Alors qu’elle était enceinte, son mari l’a quittée pour une maîtresse. Il lui a aussi fait un enfant, né avant le sien. Une déception sans nom. Heureusement, sa meilleure amie Lili, qui vit dans une caravane avec son copain Fred, a été là à ses cotés. Puis Fred a pris le relai, se proposant de faire des travaux chez elle. Sa maison devient alors un chantier apocalyptique. Elle s’enferme alors dans cette relation ambiguë avec Fred, sans s’affoler des signes inquiétants, jusqu’au jour du meurtre pour lequel elle se trouve aujourd’hui interrogée. Quel(s meurtre(s) ? Quel(s) coupable(s) ? L’histoire tragique se dévoile au fil de l’interrogatoire. Terrifiant.

Dès la première page, on est plongé dans une histoire prenante, un tourbillon qui n’augure rien de bon. Paule Constant nous entraîne telle une Véronique Olmi qui pousserait le vice à camper ses personnages sous le soleil (l’histoire se déroule en Provence tandis que le froid et la pluie accompagne le lecteur dans Bord de mer), peu à peu vers l’horreur. Le roman démarre si vite qu’à mi parcours in peut ressentir une baisse de régime. On n’est cependant pas au bout des révélations sordides.
Extrait :
« Cathy est confondue de gratitude, cet homme lourd, massif, à peine équarri, cette brute épaisse, est capable de ressentir des choses subtiles. Cela fait deux fois depuis qu’elle a ouvert le portail qu’il lui montre qu’il sait et qu’il sent les choses, deux fois qu’il trouve le mot juste pour le dire, enfin le mot qui la touche. Quand elle pousse la porte d’entrée, elle livre toute son intimité à un ami qui saura apprécier l’escalier de bois, les papiers peints désuets, les peintures fanées et même les étonnants carreaux de la cuisine, les carreaux de faïence, vert cru et jaune soleil, devant lesquels toutes les femmes de sa famille ont fait la cuisine, devant lesquels tous les enfants entre deux bouchées ont rêvé, un carreau vert, un carreau jaune, (…) »
Avec une très belle écriture, Paule Constant nous offre un roman qu’on savoure. On sombre avec une délectation des mots dans une histoire où l’on plaint les victimes malchanceuses avant de craindre leurs comportements inquiétants… Des êtres débordant de tristesse peuvent engendrer les pires crimes. Et l’auteur ne se contente pas de sonder pour nous les victimes et les coupables, elle s’attarde parfois sur les avocats et les juges.Une bien belle découverte (je n'avais jamais entendu parler de ce livre), vraiment à lire. L'avis de Brice - Lire est un plaisir L'avis de Laurence Shmitt - Culture et Cie

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