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Lignes et batailles

Publié le 11 novembre 2008 par Myriam

Un autre parallèle, qui vous semblera peut-être bien singulier, m'est apparu spontanément. Il s'agit de deux des trois toiles de la série des Batailles de San Romano peintes par Paolo Uccello comparées aux créations d'un expressionniste abstrait cher à mon cœur, à savoir Morris Louis.

Finalement, il n'y a peut-être rien de surprenant à cela. Le maître de la Renaissance italienne, grand théoricien de la perspective, met avant tout l'accent sur le trait, comme beaucoup de peintres florentins de son époque. Il donne à ses représentations de batailles une intensité unique en exacerbant l'enchevêtrement des différentes formes (hommes, harnachements, lances, chevaux). Il exacerbe une forme de géométrisation quasi-abstraite de l'espace, rythmée de façon exemplaire par les lances alignées comme les lignes d'un tableau expressionniste moderne.

Paolo_ucello_bataille_san_romano_2
Je ne peux pas alors m'empêcher de penser à l'univers de Morris
Morris_louis_floral_v_2
Louis, guidé par la même dynamique de la ligne, mais aussi, parfois par une juxtaposition de formes dont l'intensité est indéniable. Le premier parallèle concerne le second panneau de la bataille de San Romano : La contre-attaque de Micheletto da Catignola, 1456 (celle exposée au Louvre), avec le tableau Floral V de Morris Louis. En plus de la similitude entre les lances de l'un et les lignes de l'autre, on notera également, d'un côté un cheval noir qui domine au centre de la scène, et qui est au premier plan par rapport à la rangée de lances, de l'autre côté, un grand voile noir, également au premier plan, et qui masque partiellement les lignes bariolées verticales.

Morris_louis_alphapi_1960
Le second parallèle concerne le troisième panneau de la Bataille, Bernardino della Ciarda désarçonné, peint la même année (visible aux Offices
Paolo_uccello_bataille_san_romano_3
de Florence) avec la toile Alpha-pi de Morris Louis. Il s'agit ici plutôt de comparer des lignes qui incarnent instabilité et déséquilibre, s'écartant du point central pour s'éloigner vers chaque côté de la toile : les lances pour l'un, les puissantes lignes colorées pour l'autre.


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