En ce premier 11 novembre sans poilu vivant, j'ai relu les lettres échangées entre mon arrière-grand-père, envoyé au front et mes arrières-arrières-grands-parents restés à la ferme familiale dans l'Isère. Dans une lettre écrite à son fils le 20 février 1917, mon arrière-arrière-grand-père donne des nouvelles d'un conscrit envoyé aussi à la guerre (orthographe et ponctuation modifiées par mes soins):
« Pierre Bardin le mari de Josephine Melot a trouvé la mort dans une tranchée de 1ère ligne. Ils étaient cinq, ils ont tous été ensevelis par un obus. C’était le 9 février. Quand il est venu en perm au commencement de janvier, il devait partir mais il a trouvé qu’il faisait trop mauvais temps, il est parti le lendemain que sa permission était expirée. En ayant arrivé en retard on l'a relevé de son poste, il était comme Louis Villard [NDLR:l'oncle de mon grand-père] au ravitaillement des mitrailleuses, et il l’ont envoyé aux tranchées où il a trouvé la mort. »
Comment ne pas être saisi par cette terrible ironie tragique - mourir parce qu'on a trouvé qu'il faisait trop mauvais temps pour retourner à la guerre?