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Billet dominical

Par Thibault Malfoy
Billet dominicalEn ce dimanche maussade de fin juillet, qui correspond aussi à mon vingt-troisième anniversaire, la blogosphère est plus tranquille que jamais. A peine un bruissement de clavier du côté de Pierre Assouline, à propos de l'Antéchrist de la Silicon Valley (sic). Hier, un billet d'Aloysius Chabassot sur son blog Comment écrire un roman, rapportant l'histoire étonnante de cet Italien qui rédigea durant ses trajets en transport en commun et sur son téléphone portable, un roman de science-fiction qui se vend comme des petits pains sur Lulu.com.
A part cela, rien de neuf pour m'occuper les yeux sur cet air de Nick Drake que j'écoute actuellement (Way to blue, merci Lucie !)
Cette nuit, une question tarauda mon cerveau insomniaque : les lecteurs du dimanche sont-ils à plaindre ? Par lecteurs du dimanche, j'entends ceux qui ne lisent que Marc Levy ou Guillaume Musso. Oui, je sais, je me pose des questions très bêtes parfois.
Car, s'ils trouvent leur bonheur dans ce genre de littérature, pourquoi les en blâmer ? La sagesse voudrait que je les considère avec bienveillance, en me disant que pendant qu'ils lisent, ils ne se vident pas la tête devant la télévision. Ils lisent, c'est déjà ça.
Oui, mais voilà : je ne suis ni sage ni bienveillant. Au mieux d'une condescendance exaspérante, au pire d'un mépris sans bornes. (Mais bon, j'ai quand même bon fond, faut pas croire...) Et je me dis : quelle fenêtre étroite n'ont-ils pas sur ce paysage sans fin qu'est la littérature ?!
Peut-être que la lecture de Marc Levy suscite une vocation et appelle le lecteur à ouvrir d'autres livres, à découvrir d'autres auteurs ? Peut-être. Mais je n'en suis pas si sûr. Le consommateur lambda (pardon, le lecteur moyen) met dans son caddy les produits qu'il est sûr d'apprécier. C'est naturel, et même logique. Mais aussi cruellement désespérant. La bonne littérature ne devrait-elle pas au contraire attiser la curiosité et donner envie de tout lire (c'est mon côté mono-obsessionnel qui ressort ici) ?
Le dilemme est le suivant : au nom d'une plasticité des valeurs et de la relativité des goûts, faut-il accepter le postulat selon lequel toutes les appréciations se valent (mon Levy vaut ton Carson McCullers), ou au contraire réaffirmer la suprématie artistique d'une littérature exigeante ?
Je vais encore passer pour un précieux ridicule...

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