Magazine Beaux Arts

Auto-stop et sac en plastique

Publié le 29 juillet 2007 par Marc Lenot

à la Photographers’ Gallery à Londres, jusqu’au 2 Septembre.

Marysa Dowling orchestre et documente le mouvement d’un objet, un sac en plastique bleu, qui passe de mains en mains dans Londres. Elle instaure des règles quelque peu pataphysiciennes: chaque participant doit passer le sac à quelqu’un en qui il a pleine confiance, qui ait plus de dix ans d’écart avec lui, et qui soit inconnu de la personne dont il a reçu le sac. Chaque participant doit choisir l’endroit et le moment où il sera photographié, ainsi que sa posture : certains se cachent derrière le sac, d’autres l’exhibent fièrement, d’autres le traitent négligemment. Il y a une trentaine de photos, les protagonistes ont de 2 à 77 ans. Ci-contre Nathalie, 18 ans, étudiante, photographiée dans NW1. Le sac en plastique bleu est un objet banal, hyper-ordinaire, quasi invisible, mais il est réhabilité ici par l’attention qu’on lui porte. C’est l’objet prétexte d’un travail qui s’interroge sur la communication, sur les contacts; n’y a-t-il pas une théorie qui dit qu’il suffit de huit contacts, huit “passages de témoin” pour que n’importe lequel d’entre nous soit en rapport avec n’importe lequel des habitants de la terre ? Mais c’est aussi un travail de série, de processus rigoureux, où l’artiste se fixe des règles, des contraintes et définit sa liberté, sa création à l’intérieur de ces contraintes. Tout le travail de Marysa Dowling semble tourner autour de cette problématique; c’est clairement quelqu’un dont je vais essayer de voir d’autres séries. En espérant une exposition parisienne un jour. Ce n’est pas l’expo phare de la Gallery, reléguée dans un coin, mais c’est la plus dense, à mes yeux.

On peut considérer que Chris Coekin travaille aussi sur une forme de série, une “road photography” peut-être (croisement de la road movie et de la street photography). Il sillonne la Grande-Bretagne en auto-stop. Ses photos de la série The Hitcher le montrent au bord de la route avec ses cartons dérisoires, elles décrivent son paysage, asphalte, traces d’huile, lapin écrasé, ordures. Et elles font le portrait de tous ceux qui l’ont pris en voiture. Pourquoi m’avez-vous pris ?, demande-t-il à chaque fois. La plus belle réponse (difficile à traduire” : “Looked like you needed a lift in more than one way”. 

Dans la Gallery, il y a aussi une exposition assez disparate de Keith Arnatt et de très beaux paysages de Mike Perry, construits comme des tableaux abstraits, un peu à la Cuisset. Ci-contre Ferns, Carningli, Wales.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Marc Lenot 482 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog