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Vilaine

Par Rob Gordon
VilaineOn ne le dira jamais assez : la méchanceté, c'est chouette. Oui, mais la vraie méchanceté, celle qui vient des tripes, qui fait mal à autrui et qui provoque ricanements et jouissance chez les sans coeur. Or, la méchanceté de Vilaine, c'est du concentré de petite bite, du faux mauvais esprit sauce consensus, un truc aussi subversif qu'une bonne vieille vanne de Michel Drucker. L'affiche nous promettait une héroïne affreuse, sale et méchante ; à l'arrivée, le film nous propose une Bécassine avec à peine un peu de crasse sous les ongles. Incarnée par une Marilou Berry qui n'en finit plus de sombrer dans une sorte d'ersatz tout pourri de sa propre mère, Mélanie avait pourtant plusieurs pistes à explorer. Pourquoi pas une bonne séance de méchanceté gratuite, avec force coups bas et réactions très très primaires (écraser le pied de son voisin peut déjà être terriblement jouissif). Ou encore un déferlement inventif de pièges et manipulations en tous genres. Mais non, rien, rien du tout. Même le chat de l'affiche ne finira pas à la poubelle (bah non, c'est trop cruel). Tiède comme du mou de veau, Vilaine ne va donc nulle part.
Il y avait pourtant du potentiel dans cette histoire de moche qui se rebelle. Sur le papier, les personnages font penser à ceux de John Waters, voire même aux habitants d'un Twin Peaks à la française. À l'écran, le film de Benes et Mauduit semble plutôt lorgner du côté de Benny Hill, et c'est regrettable. Vilaine est une nouvelle preuve de l'absence de style etde mordant des jeunes auteurs français : qu'ils s'essaient à la comédie féroce, au slasher movie ou au fantastique, les intentions sont toujours tuées dans l'oeuf par une désespérante envie de plaire et de ne surtout fâcher personne. Et l'on s'étonne que les spectateurs détalent en masse pour aller se vautrer devant les derniers blockbusters américains. Ici, à part quelques idées de mise en scène et de narration, aussitôt lancées aussitôt étouffées, c'est la médiocrité qui rode. Seule Frédérique Bel s'en sort à peu près dans le rôle de la grosse salope de service. Mais supporter une heure et demie de ce truc juste pour la voir se balader en robe de mariée, menottée à un radiateur, c'est un peu court, jeunes hommes.
2/10

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