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Le Congrès de Reims du Parti Socialiste, "Le socialisme selon Marx" de Michel Henry

Publié le 15 novembre 2008 par Jcgrellety

Quelques médias, des plus sarkozystes aux plus récents, qui prétendaient stigmatiser il y a quelques mois encore « le système des éléphants », dénoncent volontiers la division au sein du PS, «le combat entre les personnes», etc... Ils ont les yeux de chimène -et quelle chimère !- pour l'UM, mono-lithique-tone, parti dictatorial. Les spécialistes de la superficialité généralisée n'ont rien à nous et vous apprendre sur ce nouveau Congrès du Parti Socialiste. Les enjeux humains et politiques sont réels et considérables. Depuis 2002 et plus encore depuis 2007, la droite la plus extrémiste est au pouvoir, législatif et exécutif, et s'en donne à coeur joie dans la synthèse du pire possible : affaiblissement systématique et par tous les biais possibles des conditions et des revenus de 80% de la population, finances publiques qui partent à vau-l'eau, et ce à cause de la politique récessionniste menée depuis 2002, qui vise à détruire le plus possible d'emplois, chasse aux citoyens d'origine étrangère et de condition modeste (car les sans-papiers fortunés et mafieux sont, eux, les bienvenus). Et, alors que la défaite idéologique et culturelle de la droite est totale, depuis des décennies déjà, et de manière plus emblématique encore avec la fameuse «crise», l'opposition officielle s'oppose mal, ou peu. Le Congrès de Reims a donc pour objet de trancher entre les hommes et les femmes de gauche, socialistes, qui refusent cette situation générale, et ceux qui s'en accommodent, bien ou non, et ce faisant envisagent la possibilité d'un gouvernement d'union nationale avec cette droite-extrême droite. En fait, il s'agit donc d'un Congrès d'une très grande importance puisqu'il doit conduire à déterminer l'identité des futurs responsables du PS, les idées générales, réactualisées, les possibles décisions à effet immédiat ou de court terme. Car si le parti socialiste est, législativement et exécutivement, dans l'opposition, par ses victoires aux élections régionales et communales, il est le parti du Territoire. Mais inscrit dans l'espace, il l'est aussi dans le temps, parce que, au fur et à mesure de son Histoire, il a marqué, par ses dirigeants et leurs décisions, le présent et le visage de la France. Il y a une Histoire des désirs et des idées de la gauche populaire, et, si un Fillon peut fanfaronner sur une prétendue victoire idéologique, il faut interroger sur ce qui, dans l'Histoire, les principes et les acquis de la République revient à la droite. Rien ou presque rien. La compréhension de cette Histoire, transnationale, avec celle de la démocratie, depuis la Grèce antique, jusqu'aux impasses actuelles qui exigent de repenser le rapport du peuple et des puissants ainsi que le rapport du peuple à la connaissance du vrai, et de cette Histoire nationale et partisane permet de ramener un peu de raison dans l'évaluation de la valeur du parti socialiste en particulier et de la gauche française en général. Cette importance est réelle, et ce n'est pas finie. Mais pour préparer ce qui vient, les intellectuels ne sont pas les seuls à devoir être écoutés, mais ils doivent l'être aussi. Michel Henry, qui est mort il y a quelques années, en laissant une oeuvre féconde, a écrit un Michelhenrysulliver essai, «Le Socialisme selon Marx», publié depuis peu par les éditions Sulliver. Dans cet essai, Michel Henry entend démontrer que Marx est allé à «l'économie» par souci des choses et des êtres, les «hommes vivants», et ce afin de contrer l'idéalisme hégélien, mais que le marxisme a été une longue traduction-trahison d'une pensée et d'une oeuvre obsédée, comme les plus grands penseurs post-kantiens allemands et européens, par la vie. C'est pourquoi Henry répète que «la thèse de Marx, c'est que l'économique n'est qu'une abstraction, c'est que la réalité économique n'est pas la réalité véritable», à savoir «la vie subjective individuelle», ce qu'un certain prétendue marxisme devenu pouvoir politique a précisément chercher à écraser. Contradicteur de cet idéalisme, «pour Marx, le travail n'existe pas. Il n'y a que des travaux concrets, individuels, déterminés, subjectifs, qualitativement différents», contrairement à ce que les chantres du capitalisme en font dans la propagande, une généralité aveugle, «travailler plus... ». «Marx est un philosophe de l'économie» et sa compréhension de celle-ci s'inscrit dans le projet utopique, comme les humains le sont dans leur essence, des sans-lieux. Et dans la vie de ces hommes, depuis leur lointaine apparition jusqu'à aujourd'hui, la vie ne se définit pas et ne se résume pas au et par «le travail», abstraction de celles et ceux qui ne travaillent pas mais spéculent. «(...) le procès de production est le théâtre d'une modification décisive (…) : la diminution progressive en lui du travail vivant, sa libération donc en vue d'autres tâches (…)  celles de la culture. » Et cette dernière partie du livre est essentielle, car elle éclaire parfaitement «la crise» dont on nous rebat les oreilles : «c'est l'essence de la production qui a changé : n'étant plus défini par la praxis subjective, le procès de production a cessé d'être un procès de travail», et «ainsi l'autodestruction du capital est-elle identiquement le mouvement historique par lequel le travail vivant posé comme fondement de la valeur se trouve éliminé du procès de production.» «On ne condamne pas l'économie marchante, on assiste à sa fin.» Dès lors, «le socialisme est-il autre chose alors que la conséquence de cette contradiction (…) sa prise de conscience ? » Et «la production fondée sur la valeur d'échange disparaît de ce fait et le procès de production immédiat se voit lui-même dépouillé de sa forme mesquine, misérable, antagonique. C'est alors le libre développement des  individualités», et ce processus a commencé déjà depuis des décennies, et s'accélère aujourd'hui. Les hommes de gauche et les socialistes sont donc prêts et adaptés pour les évènements et leurs significations. Leur passé es déjà remarquable et noble, leur avenir est encore plus remarquable, comme toujours, sous conditions – comme la vie...


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