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P.S. : Jeu de mas(sacre) au Congrès de Reims… «Tout Sauf Ségolène» : quel programme !

Publié le 15 novembre 2008 par Kamizole

Ahurissant et désolant spectacle… Pire encore que le Congrès de Reims en 1990 car au moins, en dépit des tractations de couloirs et des affrontements de per-sonnes, à cette époque il y avait encore des divergences programmatiques et de vrais «courants» (de pensée) ce que l’on chercherait en vain aujourd’hui, sauf – à mon avis – chez Ségolène Royal (et ceux qui la soutiennent) qui me semble la seule à avoir saisi dans sa globalité les enjeux politiques, économiques et sociaux - actuels comme futurs.

Et notre responsabilité (je parle en tant que socialiste) devant l’opinion publique et la France en général.

Or, dans cette période si difficile où incontestablement le pire est encore à venir, elle est la seule qui ait tenu un langage ferme en opposition à la navigation à vue de Nicolas Sarkozy, François Fillon & consorts, la seule dont les propositions «tiennent la route» et qui ne fasse pas semblant de s’intéresser (pour la galerie, le temps d’un discours) au sort des plus faibles et des classes moyennes.

Cruelle fin de règne pour François Hollande ! Ne croyez pas que je m’acharne méchamment contre une ambulance. Je lui sais gré d’avoir relevé le Parti Socialiste que Lionel Jospin avait piteusement laissé en déshérence en 2002. Au milieu du gué. Il ne faut pas compter pour rien la victoire aux Régionales en 2004.

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Certes, je continue à penser qu’il eût mieux valu que le P.S. appelle à voter «non» au référendum sur la Constitution européenne en 2005.C’eût été prendre la bonne mesure de l’opinion publique, de son rejet de cette Europe technocratique et ultra-libérale, en même temps que s’exprimait le ras-le-bol contre la politique anti-sociale de Chirac et Raffarin.

Sur la Constitution, Laurent Fabius était incontestablement celui des socialistes qui exprimait la vision la plus pertinente : une constitution (qu’elle fût nationale ou supranationale) n’a pas à graver dans le marbre des orientations économiques.

Au lendemain de l’écrasante victoire du «non» DSK demandait que l’on virât Laurent Fabius du P.S. ! Il n’en a rien été (écarté un temps du Bureau National il y a été rappelé). Le P.S. a déjà vécu nombre de crises internes et s’en est toujours heureusement remis.

J’espère sincèrement qu’il en sera de même aujourd’hui. Mais quel en sera le prix ?

Je suis atterrée quand je vois le salmigondis (les trentenaires parleront sans doute plus volontiers de «gloubi-boulga» mais le plat demeure aussi improbable qu’indigeste !) des regroupements sur les motions Delanoë et Aubry et encore pire : leurs tentatives – vaines jusqu’à aujourd’hui – d’en faire la «synthèse» avec pour tout potage, une seule ambition : faire barrage à Ségolène Royal ! Vous parlez d’un programme !

Le P.S. comme ses militant(e)s et la France ne méritent-ils pas mieux ? Comment voudriez-vous faire confiance à des gens qui ne se cachent même pas pour placer leurs ambitions personnelles au premier plan (ce n’est pas l’ambition en soi qui est critiquable mais le fait qu’elle soit l’unique ressort qui semble les animer) et dont le seul programme consiste à se maintenir au sommet de la hiérarchie du Parti Socialiste ? La politique vue uniquement comme jeu de «chaises musicales»…

Des gens que tout sépare, qui pour nombre d’entre eux se détestent cordialement, dont on connaît les haines recuites mille fois. Mais prêts à s’entendre dans une commune détestation de leur rivale, avec en toile de fond la peur, non pas d’être écartés de la direction du Parti socialiste (je pense Ségolène Royal plus intelligente que cela) mais du changement prévisible dans le fonctionnement des instances dirigeantes.

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Il faut avoir un sacré paquet de peaux de saucisson devant les yeux pour ne pas s’apercevoir que le P.S. est devenu une sacrée pétaudière ! avec des flopées de secrétaires nationaux et autres responsables en nombre proportionnellement inverse à celui des adhérents… tout cela pour calmer et circonscrire les ambitions des «jeunes pousses» et tenir compte en même temps de leurs allégeances à tel ou tel cacique.

Ce n’est pas tant la divergence des opinions exprimées par les responsables socialistes sur tel ou tel sujet qui me gêne - je trouverais au contraire cela plus rassurant sur la vitalité des débats que l’on aurait tort de chercher à occulter… et pour tout dire, sur le plan de la démocratie interne, c’est autrement plus intéressant que le «centralisme démocratique» à la mode stalinienne ! – que l’extrême vacuité des discours.

Sans oublier l’extrême mollesse des critiques à l’encontre de la désastreuse politique de Sarkozy. Je me demande bien quel est le puissant anesthésique utilisé par celui-ci pour neutraliser critiques et intelligence chez les responsables du P.S. ! à moins qu’il n’agisse comme un boa constrictor qui paralyse de peur ses futures proies avant de les entortiller et les bouffer toutes crues.

Les «éléphanteaux» sont pires que leurs aînés : non seulement ils n’ont retenu que l’art de la magouille mais ils ne s’embarrassent même plus de considérations d’idées et de programmes. C’est : pousse-toi de là que je m’y mette. Point barre ! Prêts à toutes les compromissions pour y parvenir ou se maintenir. Des berniques attachées à leur rocher n’offriraient guère plus de résistance.

Alors qu’un profond changement est plus que souhaitable : absolument nécessaire ! Ce n’est pas une question de personnes mais de fonctionnement interne. Je pense notamment aux «10 questions» sur le fonctionnement du Parti Socialistes posées en avril 2008 par Ségolène Royal, lesquelles m’avaient paru fort pertinentes.

La première me semblait la clef de tout (elle répond à une interrogation qui me taraude depuis 2001) : «Il faut sortir du fossé entre un discours pseudo révolutionnaire dans l’opposition et un conformisme économique au pouvoir : de quelle façon ?». Et j’étais tout à fait d’accord avec Ségolène Royal quand je l’ai entendue à la Maison de la chimie affirmer qu’il vaut mieux moins promettre mais tenir ses promesses.

Pour moi c’est évident. Même si je me suis fait si souventes fois traiter de gauchiste que c’en est risible. Comme si l’on ne pouvait être à gauche - souhaiter le maximum de justice sociale, pourfendre l’ultra-libéralisme et tout ce qu’il entraîne de misères sociales, de disparités de revenus exorbitantes entre une poignée de richissimes bénéficiaires et la grande masse des citoyens - tout en étant suffisamment réaliste pour savoir (et dire) que la politique reste «l’art du possible»…

Je me méfie comme de la peste des bons sentiments qui font adopter dans l’enthousiasme d’un congrès de généreuses «résolutions» dont on sait pertinemment qu’elles ne seront jamais suivies d’effets.

Notez qu’aujourd’hui les hérauts de l’ultra-libéralisme l’ont singulièrement mise en sourdine (il n’y a guère que Pascal Salin pour persister contre vents et marées) et n’hésitent pas aujourd’hui à vitupérer ce qu’ils adoraient hier en m^me temps qu’ils essayaient de nous catéchiser… Je ne saurais dire ce qui tient exactement de la «posture» (l’opinion publique goberait difficilement l’apologie de ce qui nous a mis dans un tel merdier !) et de la prise de conscience.

Bien entendu, les adversaires de Ségolène Royal lui flanquent dans les dents son échec à la présidentielle de 2007… (comme si celui de Jospin n’était pas encore plus retentissant : même pas qualifié pour la finale !). Nombre des «zéléfans» et de leurs affidés en ont été les principaux maîtres d’œuvre et d’ouvrage ! Aucun coup bas n’a manqué… entre chausse-trappes, tacles sanglants et autres croche-pattes. Petites phrases assassines, textes dans la presse, les défections, ect…

Sans oublier les appels à voter Bayrou ! Je ne saurais dire si la rumeur persistante est fondée mais elle me paraît tout à fait plausible : Martine Aubry aurait voté pour lui au premier tour. Elle n’est sûrement pas la seule… Sans cela, je suis persuadée que la dynamique électorale du second tour aurait été totalement différente si Ségolène Royal avait enregistré un score plus important au premier tour.

Aussi, vous pensez bien que toutes les leçons que veulent nous asséner aujourd’hui ces parangons du double (voire triple) discours, je m’assieds dessus ! Même pas la peine qu’ils parlent, je n’écoute ni n’entends. Sans avoir besoin d’aucune boule Quies.

Enfin, comment ne pas observer que François Hollande se discrédite davantage et définitivement en inventant une «jurisprudence» à géométrie variable au sujet du vote des militants ?

Quelques jours avant le vote des militants, il prend la peine de préciser que l’instigateur de la motion qui l’emporterait aurait vocation à conduire la synthèse et donc, in fine, à devenir Premier(e) Secrétaire du P.S.

Las ! C’est qu’il croyait dur comme fer que Delanoë l’emporterait. Je me demande bien sur quels fondements. Je remarque au passage qu’il y a quelques semaines le Maire de Paris espérait atteindre 50 %… prétention absurde qui me faisait doucement rigoler.

Certes, Ségolène Royal n’a pas une majorité suffisante mais elle est arrivée en tête… Je vous fiche mon billet que si Delanoë avait réalisé le même score qu’elle, François Hollande n’aurait pas barguigné pour l’adouber sans rechigner un seul instant ni ménagé ses efforts pour rendre la synthèse possible.

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Mais à partir du moment où c’est Ségolène Royal qui est en tête, changement de programme ! Lui mettre de plus possible de bâtons dans les roues. Comme d’hab.

C’est Barnum Circus chez les Schtroumfs. Avec Hollande en Azrael. Ou Raminagrobis qui guette sa proie avant de la déchiqueter. Pas joli-joli, le spectacle !

Sont-ils seulement conscients de l’effet dévastateur sur l’image du Parti Socialiste dans l’opinion publique ?.

Les apparatchiks font mumuse ! Au moment même où la France - comme le monde entier - risque de connaître une récession qui risque d’avoir la même ampleur qu’au moment de la crise de 1929 et qu’après avoir parlé de récession, on commence à entendre le mot de dépression… Avec toutes les conséquences économiques et sociales que cela suppose.

J’étais partagée entre envie de rigoler et indignation en entendant sur France-Info Bertrand Delanoë se prétendre de gauche lors d’un meeting à Cergy-Pontoise. A peine quelques semaines après avoir fait son «coming out» libéral à grands renforts de trompettes médiatiques. Si je veux mettre une girouette sur le toit, je saurais quel visage lui donner !

Il me semble évident qu’une synthèse entre les motions Delanoë, Aubry et Hamon ne sera qu’un replâtrage de plus. Je note au passage la palinodie de Benoît Hamon : juste après le vote des militants, il affirme qu’il ne participera aucunement à un front anti-Ségolène et vient de prendre la position exactement inverse…

L’apparatchik qui sommeille en lui réveille ses pulsions naturelles de «jeune loup» – la chasse en meute !… Il ira loin, ce petit. Promis à un brillant avenir dans le Parti Socialiste. On aura dû lui faire miroiter quelque poste de premier plan.

Il sera la caution de gauche. Son argument contre Ségolène Royal est proprement risible. Il lui reproche de vouloir faire alliance avec François Bayrou.

Tant pis, il l’aura bien cherché ! mais je ne résiste pas à l’envie de lui donner une leçon de réalisme politique. Ceci dit il m’étonnerait fort qu’il se penchât sur le blog de mémé Kamizole et si cela arrivait par extraordinaire, je doute fort qu’il en prenne de la graine.

C’est en effet un phénomène bien connu que ni la gauche ni la droite ne peuvent espérer gagner les élections présidentielles en comptant sur leurs seules forces et qu’une partie de l’électorat centriste est nécessaire pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Certes, François Bayrou n’est pas de gauche, il s’en faudrait de beaucoup.

Il est cependant nettement moins à droite que la majorité des caciques de l’UDF qui ont quitté le navire depuis la création de l’UMP ou plus tard. Quant aux questions portant sur la démocratie et la condamnation de l’exercice du pouvoir par le «clan Sarkozy», jusqu’à présent François Bayrou a fait preuve d’une rigueur exemplaire.

Il ne faut d’ailleurs pas raisonner en termes d’alliance (style l’ex-programme commun de la gauche) mais se demander quels sont les points de convergence et jusqu’où un accord est possible. Pour connaître - par blogs interposés - un certain nombre de militants du Modem, il me semble bien que je n’aurais pas à rougir de me trouver en accord avec eux. Nous avons en commun une conception humaniste de la vie en société et de la justice sociale.

Enfin, il s’agit – dans l’idée d’un second tour d’une élection présidentielle – d’attirer l’électorat modéré suffisamment douché par la politique de Sarkozy et toutes ses belles promesses d’un avenir radieux qui n’ont même pas reçu un commencement de réalisation.

Il restera l’effet produit par la préparation du Congrès sur les militant(e)s de base et, au-delà, les sympathisant(e)s.

Toutes proportions gardées, c’est la même chose que la désignation du/de la candidat(e) par les militant(e)s en 2007. A peine avaient-ils choisi Ségolène Royal (là, à une écrasante majorité) que des voix s’élevaient pour désavouer ce choix tout en distillant savamment les critiques contre la candidate, évidemment pas à la hauteur, etc… J’ai même lu qu’il était encore temps pour désigner DSK ! On ne trouve pas mieux pour plomber une campagne électorale…

Les 29 % de militant(e)s qui ont voté pour Ségolène Royal doivent être amers aujourd’hui de voir leur choix aussi contesté et les règles posées il y a si peu de temps par François Hollande balayées d’un simple revers de main, en même temps que se déchaîne le front anti-Ségolène.

Au moment où j’écris, aucune synthèse n’a pu se faire entre Bertrand Delanoë, Martine Aubry et Benoît Hamon, lequel espère encore pouvoir être désigné comme le futur 1er Secrétaire… s’il faut être très minoritaire pour l’emporter, ce serait une grande première ! Je doute d’ailleurs qu’il fasse l’unanimité. Sa motion étant sans doute trop à gauche.

Je n’ai rien contre l’idée de «synthèse» en soi, à condition qu’il s’agisse de retenir dans les différents programmes les propositions qui semblent les meilleures et d’associer les représentants des différents courants à la direction du Parti Socialiste. C’est le gage d’un fonctionnement démocratique : on ne traite pas par le mépris des motions - et les adhérent(e)s qui les soutiennent – qui représentent chacune 25 ou 20 % du P.S.

Mais le dernier congrès du P.S. avec sa «synthèse molle», alliance de tous les contraires qui n’avait qu’une seule ambition : rabibocher les frères ennemis dans la perspective de l’élection présidentielle, sans pour autant que la «feuille de route» soit bien claire voire tout simplement crédible, est l’exemple même de ce qu’il ne faut surtout pas faire.

Sans oublier la démagogie dont elle était porteuse. Beaucoup de promesses dont nous savions bien qu’elles ne seraient pas tenues. A commencer par le Smic à 1500 euros qui a fort embarrassé Ségolène Royal, autrement plus lucide.

A cet égard, il me semble préférable de ne pas tout mélanger. Le Congrès a pour objet la désignation de l’équipe dirigeante, bien entendu sur un programme qui engage l’action du Parti Socialiste sur la durée.

Dans un autre temps mais suffisamment à l’avance pour qu’il n’y ait pas précipitation et gestion dans l’urgence comme en 2007, la consultation des adhérent(e)s voire des sympathisant(e) - à condition que les modalités en soient clairement définies afin d’éviter le «bourrage des urnes» - pour la désignation du/de la candidat(e) à l’élection présidentielle, également en fonction d’un programme clairement énoncé.

De toute façon, le dernier mot reviendra en dernière instance aux militant(e)s qui se prononceront à nouveau dans quelques jours pour la désignation du/de la 1er Secrétaire.

Vox populi, vox dei…

Je suis bien incapable ce soir de (pré)dire ce qui sortira de cette consultation.


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