En attendant l'eau chaude

EN ATTENDANT L'EAU CHAUDE
OU LES DESSINS D'IMPATIENCE
Présentation de l'éditeur
"[...] Ben, pour Benjamin, un gosse né d'un dessin d'impatience. Un petit gars qui transite sur le territoire virtuel d'une feuille de papier Canson crayonnée par son père.
A 74 ans, Vautrin tente la réponse et son invitation graphique vaut pour un voyage qui secoue, empoigne, dérange. Invention et subversion sont au rendez-vous du texte et des dessins.
Pamphlet ? Chahut ? Critique sociale ? Ricanement anar ? En attendant l'eau chaude brasse l'invention et la confidence, tricote le virtuel et la réalité, invite le rire, les larmes et la colère.
L'auteur
Autour de l'image et du livre, Jean Vautrin est l'homme de plusieurs vies. Tour à tour photographe, puis metteur en scène, scénariste, dialoguiste, il se consacre pendant quinze ans au cinéma. Fidèle équipier de Michel Audiard, il est, avec Manchette, au début des années 1970, l'un des pères fondateurs du néo-polar. Depuis, sur la lancée de Billy-ze-Kick et de La Vie Ripolin, il a écrit une trentaine d'ouvrages. Romancier, nouvelliste, feuilletoniste, éditeur, il obtient successivement la bourse Goncourt de la nouvelle pour Baby-boom, le prix Goncourt du roman et le prix Goncourt des lycéens en 1989 pour Un grand pas vers le bon Dieu, chez Grasset. Avec son complice Dan Franck, il publie chez Fayard sept tomes des Aventures de Boro, reporter photographe. Symphonie grabuge lui vaut le prix Populiste et Le Cri du peuple le prix Louis-Guilloux pour l'ensemble de son œuvre.
Ce dernier roman, adapté en bandes dessinées par son ami Tardi chez Casterman, est un best-seller. À 74 ans, Vautrin commence à publier ses dessins.
Un roman-fable. Un roman-piège. Un polar. Un roman-graf qui abandonne aux mots juteux, cousins des dessins expressionnistes, le champ de l'impertinence, de la contestation et d'une fraîcheur poétique bien décidée à briser toutes les barrières. Comme disait Audiard avec l'air farouche, les imbéciles ne lisent pas Vautrin."
C'est vraiment par le plus grand des hasards que je suis tombée sur ce livre, qui se définit comme un roman graphique. Plus roman que BD dans sa forme, et même pas BD du tout à mon sens, c'est un texte dont l'histoire fonctionne en tandem avec les illustrations qui la composent. C'est ce mélange de texte et d'illustrations qui m'a séduite au premier abord. Le principe n'est pas sans rappeler les livres pour enfants, sauf que là, plus que d'illustrer le texte, les images participent vraiment à l'histoire du roman. Mélange d'autant plus savoureux que ces illustrations mêlent dessins, coupure de presse, photos, délire pictural, au gré de la fantaisie de l'auteur.
L'histoire elle-même, simple et naïve à première vue, mais plus engagée qu'il n'y paraît, part d'un délire assez original. L'auteur prend une identité fictive qui lui permet de prendre part à la fiction qu'il invente et dessine. Ainsi naissent sous nos yeux Ben, narrateur et fils de cet auteur fictif, et toute une panoplie de personnages hauts en couleur, dont l'existence, les actions et l'environnement dépendent du coup de crayon et de la gomme de l'auteur fictif.
C'est, en quelque sorte, comme si l'histoire ne se composait qu'au fur et à mesure que l'auteur la dessinait et la racontait. C'est, on me dira, le principe même de la fiction, sauf qu'ici on voit le processus de création de cette fiction en direct live, et c'est assez tripant. Un petit clin d'oeil au Petit Prince (qu'il faut absolument que je relise!!) quand Ben demande à son père (l'auteur fictif), "Dessine-moi une maman", et hop, création de Samo, la mère, l'épouse, la Femme, personnage hors du commun, après maintes hésitations, que l'on suit au tracé, quant à sa forme.
L'histoire de ce petit monde brosse le portrait de notre société en crise avec verve et quelques réflexions qui ne manquent pas de piquant.
Lecture très agréable, divertissante, un "roman-graf" plutôt original,une fable urbaine pleine de charme.