Le livre du mois : Chaland, portrait de l'artiste

Par GoudurixYZ

Inouï. Pendant un repas dans un restaurant gastronomique, Hong Kong Fou-Fou, la bouche pleine de poisson, charge Goudurix à genoux d'inaugurer une nouvelle rubrique : le livre du mois. Un "Aye aye, Sir !" résonne encore dans la salle.
"Je ne vous accablerai pas ! Je sais qu'il est incompréhensible pour des gens de votre milieu de passer un après-midi enfermé chez soi avec ces austères mais généreux compagnons que sont les livres. Essayez quand même de vous amuser, les amis." Ah c'est sûr qu'à Fury Magazine, quand il s'agit de parler de disques entendus distraitement dans des soirées mondaines, il y en a une quinzaine chaque mois. Pour chroniquer un livre, on se croirait dans le jeune Albert. Oeuvres complètes, vol. 1, page 23. "Goudurix, tu descends ? C'est nous." "C'est hors de question. Je lis "Chaland, portrait de l'artiste" puis je compte m'intéresser au théâtre classique. Phèdre, Platon, Darwin sont des artistes passionnants que vous avez tort de négliger." "Mon petit Goudurix, j'ai nettoyé ton pantalon, celui où tu t'étais souillé. Il sera bientôt sec. Tu vas pouvoir sortir." Mais bon, à circonstances exceptionnelles, effort exceptionnel. Scandaleusement oubliée l'an dernier, l'année Chaland arrive enfin.  Expositions, rééditions, émissions et parution : 120 pages sous couverture (c'est de saison) brochée mate et à rabats pour le prix de deux Spirou de Tom et Jean Rit. Merci Champaka. 120 pages de savoir vivre pour album posthume. 120 pages entre stupeur et tremblements. Mais non ! Quoique. Entre... Je ne sais pas. Admiration ? Non, il va y en avoir trop. Frustration ? Non, il va y en avoir trop. Que peut-on ressentir devant la photo  de la plage 69, sur la page d'Hyères. Heu... Il faudrait que je lise plus de livres. Et le costume colonial, le rose bonbon, le canapé tecno, le vélo Poulidor. Mon but, ce n'est pas vraiment la BD. La finalité de mon oeuvre, c'est ma biographie. Je travaille toujours avec cette idée en tête. J'adore les biographies. Mission accomplie. Voyons... Pie, pièce, pied, piedjaloux, piédestal : mettre quelqu'un sur un piédestal, lui témoigner une grande admiration / tomber du piédestal, perdre de son prestige. Hmm, pas de risques pour le plus grand auteur des 40 dernières années (120 - 80). Rajoutons-en 10, Franquin, Jacobs, Jijé et Vandaersteen avaient déjà pris leur retraite depuis longtemps. Je sais bien que vous n'avez que foutre de ce que je pense, mais Chaland est la seule personne que j'aie admirée. Avec ma grand-mère. Comme Johnny pour Jean-Claude Convenant. Pareil. Entendons-nous bien. J'admire des tas de gens pour ce qu'ils font. Des riffs de guitare ou des jongles avec la pelote sur les ramblas à Barcelone. Mais j'admirais (désolé pour les répétitions) Chaland pour ce qu'il était. Prestance ? Prestance ! Brillance ? Brillance ! Pertinence ? Pertinence ! Générosité, aussi. Incroyable. En lisant ce livre (de 120 pages), on a enfin envie de revivre les années 80 (120 - 40) et d'essayer de se faufiler dans l'étroite porte de la réussite. Pour une fois. Pour être un peu Chaland quelque part. Cela doit bien valoir un quart d'heure de célébrité ou de pouvoir être héros juste pour un jour. Même si l'on n'aime pas les biographies. Albeeeert ? Oui, j'arrive.
http://www.bdartiste.com/dotclear/index.php?L-expo-du-mois