Il
y a quelque chose d'irrésistiblement drôle dans
Florville et Courval, de Sade (dans Les Crimes de l'amour ).
La fin. Irrésistiblement et involontairement drôle.
Quand l'héroïne apprend
tout. Qu'elle se rend compte en cinq minutes qu'elle a couché
avec son frère, son fils et son père (celui-ci, elle
l'a en plus épousé). Qu'elle a également
provoqué par son témoignage la mort de sa mère
sur l'échafaud. Qu'elle a aussi tué de ses propres
mains son fils, qui est aussi son neveu, qui est aussi son petit-fils
par son mariage.
Comment en est-on arrivé là?
Eh bien, tout à fait simplement. Revenons un peu en arrière.
La femme de Courval le quitte. Elle
emmène son fils et elle abandonne devant la maison d'un
bourgeois sans enfants une fille, Florville, dont son mari ignore
l'existence. A 16 ans, Florville, élevée dans la
religion, couche avec son frère sans savoir qui il est, et
elle en a un fils que son amant lui dérobe.
Repentie, elle vit dans la piété
jusqu'à 34 ans. Là, un jeune homme de 17 ans (son fils)
la viole. Elle tue en se défendant. Plus tard, elle voit dans
une auberge une femme (sa mère) qui en poignarde une autre et
elle témoigne contre elle.
Enfin, Courval (son père), 55
ans, se croit veuf, veut se marier et trouve Florville par un
entremetteur. A peine sont-ils matrimonialement liés depuis
quelques mois que le fils Courval reparaît et dévoile
tout.
C'est irrésistible. On dirait
cet humour absurde, vous savez. Les Monty Pythons. Et une
démonstration de règle esthétique, à
méditer pour tous les inventeurs d'histoires.
Trop d'effets tuent l'effet.
Sade, Les Crimes de l'amour, Folio